mardi 26 février 2013

Réponse du Président du Conseil Général Jean-Louis Tourenne et commentaires....


Jean-louis Tourenne (jean-louis.tourenne@cg35.fr ) répond aux sympathisants de Québriac qui lui ont adressé une lettre concernant les conditions d'accueil et de transport relatives aux migrants installés provisoirement sur la commune.

Le département d’Ille et Vilaine connaît depuis quelques années un afflux de jeunes migrants (450 en Ille et Vilaine, 10 en Mayenne, 45 en Loire Atlantique) parce que nous avons toujours eu la volonté de les accueillir dignement en les accompagnant le mieux possible. Le coût d’un mineur accueilli en Ille et Vilaine est de 130 € par jour (soit plus de 15 millions d’euros pour l’ensemble des jeunes accueillis)  mais nous explosons de partout… les places de foyers manquent, nous n’avons plus suffisamment d’assistants familiaux. Ainsi 120 enfants d’Ille et Vilaine placés dans nos services par décision de justice (le plus souvent pour maltraitance) ne trouvent pas de places. Mais nous continuons de faire face à notre obligation : assurer l’accompagnement des mineurs étrangers isolés.

L’Etat – et non la Région, le Département ou les communes - doit, lui, assumer les conséquences de sa politique d’immigration et prendre en charge les adultes, les familles ou les mineurs non isolés. Il lui appartient donc de prendre toutes mesures nécessaires à assurer le bien-être des populations considérées. Si nous acceptions de transgresser, non seulement nos moyens n’y suffiraient pas mais l’Etat aurait beau jeu de continuer à nous transférer la responsabilité et la charge. Je peux comprendre que les arcanes administratives devraient s’effacer devant les causes humanitaires mais le département n’a que des causes humanitaires ou de solidarité : politique personnes âgées, politique en faveur des handicapés, RSA, protection maternelle et infantile. Laquelle faudrait-il amputer pour remplacer l’Etat dans ses obligations ?

J’alerte donc, parce que c’est l’autorité compétente, Monsieur le Préfet sur la nécessité de répondre favorablement et concrètement à votre demande légitime…

Je vous prie de croire, Monsieur, en ma cordiale considération


L'association Un Toit c'est un Droit ! réplique :

Le président du Conseil Général, Jean Louis Tourenne explique son refus de toute aide par deux arguments aussi fallacieux l'un que l'autre.

Premier argument : le budget CG 35 serait quasiment asséché par le coût de la prise en charge des Mineurs Isolés Etrangers. En y regardant de plus près : s'il est vrai que le nombre de MIE qui arrivent en Ille et Vilaine est important par rapport à d'autres départements, l'accueil digne dont se prévaut JL Tourenne et l'accompagnement qui serait « au mieux » ne sont que poudre aux yeux. Les préoccupations budgétaires priment sur la « dignité » de l'accueil et la qualité de l'accompagnement.  Pour être clair : les mineurs, qui le plus souvent présentent des documents d'état civil attestant de leur minorité, sont « stockés » en attendant le « tri sélectif », où tout sera fait pour contester leur minorité. Les « tests osseux », pratique humiliante dont la fiabilité scientifique n'est reconnue par aucune autorité médicale, sont largement utilisés et cautionnés sinon commandés par le CG 35, qui va maintenant jusqu'à contester devant la cour d'Appel la décision de prise en charge du Juge des Tutelles.
Cette politique de suspicion systématique a pour objet non l'établissement d'une vérité, mais la réduction des coûts. Elle en conduit à cette situation grotesque et douloureuse, où un jeune considéré comme majeur à la suite des fameux « tests » est sorti brutalement du dispositif MIE.  Il reste cependant mineur pour la préfecture au vu de ses documents d'Etat civil et se retrouve à la rue sans ressource.

Un peu de sérieux et moins d'hypocrisie Monsieur Tourenne ! Et demandez donc à vos amis du gouvernement une rallonge budgétaire si les moyens financiers du CG 35 sont insuffisants ce qui vous permettrait de recouvrer cette dignité que vous aimez tant revendiquer mais qui, pour l'heure, vous a quitté.

Deuxième argument : accorder la gratuité des transports pour les migrants déplacés incomberait, à l'Etat par l'entremise des services préfectoraux. Certes, l'Etat est en charge de l'accueil des demandeurs d'asile et l'acteur principal des difficultés créées aux « déplacés de Pacé » Il n'en reste pas moins que l'essentiel des difficultés relatives aux transports concerne scolarisation et soins médicaux pour des enfants dont le CG doit assurer la protection quelle que soit leur nationalité comme le stipule le Code de l'Action Sociale et de la Famille..
Assez de prendre prétexte des champs de compétences pour se renvoyer les responsabilités en oubliant l'humain !

1 commentaire:

  1. Excellente analyse...
    CG35 et CG93 même combat...
    Qui orchestre?
    L'ASE (CG) n'a pas à demander des âges osseux et douter de la minorité d'un MIE...elle a pour mission de protéger les mineurs!
    Que les médecins restent approximatifs en évaluant l'âge osseux entre 15 et 18 ans...aucune légitimité scientifique digne de l'Evidence Base Médecine.
    Amicalement

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