mercredi 17 avril 2013

COMMENTAIRES ET PERSPECTIVES SUITE AU CONSEIL MUNICIPAL DE RENNES DU LUNDI 15 AVRIL




Dans une séance de conseil municipal, il est impossible d'engager un débat : les intervenants lisent leurs questions et les élus répondent. C'est pourquoi nous avons décidé de rédiger le texte ci-dessous (que nous transmettrons également à la ville de Rennes) pour clarifier un certain nombre de points.

Rappelons tout d'abord que l'association « Un toit c'est un droit » est une association de défense du droit au logement. Certes, nous essayons d'accompagner les personnes dans leurs démarches (rédaction de dossiers, traductions, accompagnement à la préfecture, à l'AFTAM, etc) et dans leur intégration (cours de français, recherche d'emploi, etc) mais, compte-tenu de la situation catastrophique actuelle, nous sommes contraints de nous recentrer sur l'objet même  de notre association, défini dans nos statuts : à savoir le droit au logement. Sans accès au logement, ou, a minima, à l'hébergement, tous les autres aspects sont complexifiés, voire impossibles à gérer. Or, depuis 4 ans, et singulièrement depuis l'expulsion de Pacé, il y a bien URGENCE sur cette question.

Force est de constater que notre association n'a d'ailleurs pas été la seule, depuis novembre, à alerter les pouvoirs publics et la municipalité sur cette question : plusieurs autres associations et collectifs ont travaillé ensemble, (« Un toit c'est un droit » y faisant sa part de travail sans pour autant s'en targuer), fournissant très régulièrement des listes nominatives des personnes à la rue aux Renseignements Généraux et aux élus (allant jusqu'à communiquer, par exemple, les dates de naissance des parents des enfants sans-abri, comme il leur avait été demandé).

Nous tenons à réaffirmer que nous ne refusons absolument pas le dialogue sur la question prioritaire qu'est pour nous le logement. Si nous avons refusé de participer à une réunion organisée par la mairie c'est parce que, alors que nous étions en pleine crise avec des dizaines de personnes à la rue en plein hiver, la municipalité proposait comme thème de concertation non négociable « Le travail des demandeurs d'asile ».

Si nous avons été contraints de passer à d'autres modes d'action c'est parce que rien ne bougeait, malgré les listes de renseignements demandées et fournies et malgré les multiples interpellations provenant de plusieurs sources.
C'est, surtout, parce que nous étions en recherche de toits pour des personnes sans toit ! Ce ne sont pas les associations qui « mettent en danger » les populations à la rue, c'est la situation catastrophique actuelle. Et si, certes, « toutes les personnes ne peuvent pas relever des mêmes dispositifs » en matière de logement, TOUTES, SANS EXCEPTION, peuvent prétendre à l'hébergement d'urgence (cf : code de l'action sociale). Or, aujourd'hui, la loi n'est pas respectée dans ce domaine. Ne pas vouloir aborder cette question est d'une extrême gravité.

Par ailleurs, on ne peut pas accuser l'association « Un toit c'est un droit » de ne pas avoir cherché d'autres solutions y compris matérielles : en 5 mois, nous avons assuré près de 800 nuitées d'hébergement solidaire dans des familles françaises. Mais nos réseaux sont aujourd'hui saturés, comme ceux, d'ailleurs, d'autres associations avec qui nous sommes régulièrement en contact.

Si la ville de Rennes avait ne serait-ce qu'ouvert un gymnase par les glaciales nuits d'hiver, il n'aurait pas été question de parler « d'occupations ». On aurait pu parler d'actions humanitaires concertées entre la ville et les associations, on aurait pu interpeller conjointement l'État. On aurait pu, ensemble, défendre les valeurs affichées dans les statuts des associations et dans les programmes électoraux des élus.
Mais la municipalité de Rennes avait fait, jusqu'à présent, un autre choix. Pour parler « d'opérations-spectacle », encore faut-il qu'il y ait des spectateurs or personne n'est venu à la rencontre des sans-abris, hormis les forces de l'ordre. Bon nombre de citoyens rennais ayant voté pour l'actuelle majorité nous font part de leur profond désarroi.

Si une porte, en matière de concertation sur le logement et l'hébergement, est ouverte nous ne pouvons que nous en réjouir : ce qui compte est bien, et uniquement, l'avenir et la sécurité des personnes. Toutefois, il est très clair que si nous nous investissons dans un travail de concertation, c'est pour que cela se traduise DE TOUTE URGENCE par des mesures concrètes : c'est, chaque soir, CE soir que nous avons une trentaine de personnes, dont des bébés, à protéger, pas dans un mois.
Alors oui, d'accord pour se rencontrer VITE, VITE, VITE ! Notons d'ailleurs que d'autres partenaires que nous, hommes et femmes de terrain, ont d'ailleurs beaucoup de choses à apporter et mériteraient d'être associés : travailleurs sociaux, autres associations, collectifs, enseignants, parents d'élèves …

Quoi qu'il en soit, nous ne manquerons bien évidemment pas d'informer les Rennais sur les avancées de mise en œuvre des principes énoncés.


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