Dans une séance de conseil
municipal, il est impossible d'engager un débat : les intervenants lisent
leurs questions et les élus répondent. C'est pourquoi nous avons décidé de
rédiger le texte ci-dessous (que nous transmettrons également à la ville de
Rennes) pour clarifier un certain nombre de points.
Rappelons tout d'abord que
l'association « Un toit c'est un droit » est une association de
défense du droit au logement. Certes, nous essayons d'accompagner les personnes
dans leurs démarches (rédaction de dossiers, traductions, accompagnement à la
préfecture, à l'AFTAM, etc) et dans leur intégration (cours de français,
recherche d'emploi, etc) mais, compte-tenu de la situation catastrophique
actuelle, nous sommes contraints de nous recentrer sur l'objet même de notre association, défini dans nos
statuts : à savoir le droit au logement. Sans accès au logement, ou, a
minima, à l'hébergement, tous les autres aspects sont complexifiés, voire
impossibles à gérer. Or, depuis 4 ans, et singulièrement depuis l'expulsion de
Pacé, il y a bien URGENCE sur cette question.
Force est de constater que notre
association n'a d'ailleurs pas été la seule, depuis novembre, à alerter les
pouvoirs publics et la municipalité sur cette question : plusieurs autres
associations et collectifs ont travaillé ensemble, (« Un toit c'est un
droit » y faisant sa part de travail sans pour autant s'en targuer),
fournissant très régulièrement des listes nominatives des personnes à la rue
aux Renseignements Généraux et aux élus (allant jusqu'à communiquer, par
exemple, les dates de naissance des parents des enfants sans-abri, comme il leur
avait été demandé).
Nous tenons à réaffirmer que nous
ne refusons absolument pas le dialogue sur la question prioritaire qu'est pour
nous le logement. Si nous avons refusé de participer à une réunion organisée
par la mairie c'est parce que, alors que nous étions en pleine crise avec des
dizaines de personnes à la rue en plein hiver, la municipalité proposait comme
thème de concertation non négociable « Le travail des demandeurs
d'asile ».
Si nous avons été contraints de
passer à d'autres modes d'action c'est parce que rien ne bougeait, malgré les
listes de renseignements demandées et fournies et malgré les multiples
interpellations provenant de plusieurs sources.
C'est, surtout, parce que nous
étions en recherche de toits pour des personnes sans toit ! Ce ne sont pas
les associations qui « mettent en danger » les populations à la rue,
c'est la situation catastrophique actuelle. Et si, certes, « toutes les
personnes ne peuvent pas relever des mêmes dispositifs » en matière de
logement, TOUTES, SANS EXCEPTION, peuvent prétendre à l'hébergement d'urgence
(cf : code de l'action sociale). Or, aujourd'hui, la loi n'est pas
respectée dans ce domaine. Ne pas vouloir aborder cette question est d'une
extrême gravité.
Par ailleurs, on ne peut pas
accuser l'association « Un toit c'est un droit » de ne pas avoir
cherché d'autres solutions y compris matérielles : en 5 mois, nous avons
assuré près de 800 nuitées d'hébergement solidaire dans des familles
françaises. Mais nos réseaux sont aujourd'hui saturés, comme ceux, d'ailleurs,
d'autres associations avec qui nous sommes régulièrement en contact.
Si la ville de Rennes avait ne
serait-ce qu'ouvert un gymnase par les glaciales nuits d'hiver, il n'aurait pas
été question de parler « d'occupations ». On aurait pu parler d'actions
humanitaires concertées entre la ville et les associations, on aurait pu
interpeller conjointement l'État. On aurait pu, ensemble, défendre les valeurs
affichées dans les statuts des associations et dans les programmes électoraux
des élus.
Mais la municipalité de Rennes
avait fait, jusqu'à présent, un autre choix. Pour parler
« d'opérations-spectacle », encore faut-il qu'il y ait des
spectateurs or personne n'est venu à la rencontre des sans-abris, hormis les
forces de l'ordre. Bon nombre de citoyens rennais ayant voté pour l'actuelle
majorité nous font part de leur profond désarroi.
Si une porte, en matière de
concertation sur le logement et l'hébergement, est ouverte nous ne pouvons que
nous en réjouir : ce qui compte est bien, et uniquement, l'avenir et la
sécurité des personnes. Toutefois, il est très clair que si nous nous
investissons dans un travail de concertation, c'est pour que cela se traduise
DE TOUTE URGENCE par des mesures concrètes : c'est, chaque soir, CE soir
que nous avons une trentaine de personnes, dont des bébés, à protéger, pas dans
un mois.
Alors oui, d'accord pour se
rencontrer VITE, VITE, VITE ! Notons d'ailleurs que d'autres partenaires
que nous, hommes et femmes de terrain, ont d'ailleurs beaucoup de choses à
apporter et mériteraient d'être associés : travailleurs sociaux, autres
associations, collectifs, enseignants, parents d'élèves …
Quoi qu'il en soit, nous ne manquerons
bien évidemment pas d'informer les Rennais sur les avancées de mise en œuvre
des principes énoncés.
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