vendredi 3 juin 2016

Logement : dépenser moins pour faire mieux !


Dans son programme électoral, Nathalie Appéré s'était engagée à ce qu'il n'y ait plus d'enfants à la rue à Rennes. Depuis cette date, la municipalité intervient en complément du 115 pour mettre à l'abri les familles qui, en totale infraction avec la loi (asile et code de l'action sociale), ne sont pas prises en charge par l'État. Cela représente pour la ville une dépense annuelle de 800 000 euros en nuitées hôtelières, pour une centaine de personnes chaque soir. Même si cela a constitué une amélioration sensible par rapport à la situation précédente, cette dépense énorme ne permet toutefois pas une vie digne pour les personnes concernées.
Comme le dénoncent les rapports des SAMU sociaux, l'hébergement hôtelier induit de nombreux problèmes sur le plan de la scolarisation et sur le plan sanitaire ; une note ministérielle appelait même à le réduire au maximum (plan Pinel février 2015).

Depuis 2 ans, l'association « Un toit c'est un droit », prête à signer des conventions, ne cesse de demander à la ville de mettre à disposition des bâtiments municipaux inoccupés. Les personnes sans abri se déclarent elles-mêmes prêtes à participer financièrement.
À titre comparatif, le coût d'un hébergement en CADA incluant logement et accompagnement social, s'élève pour un public équivalent à 839 000 euros : on peut donc estimer que la ville aurait tout à gagner économiquement à accéder aux demandes des associations.
L'association « Un toit c'est un droit » a fourni plusieurs adresses de maisons en parfait état appartenant à la ville, vides de tout occupant (et parfois chauffées depuis plusieurs mois quand ce n'est pas depuis plusieurs années !) : silence radio du côté de la mairie ! L'association « Un toit c'est un droit » entend dénoncer fermement ce qui constitue un véritable scandale, tant sur le plan humanitaire que sur le plan financier.




Rappel lettre à Nathalie Appéré :

Nous vous avons sollicités pour une mise à disposition, sous convention, d'une maison inoccupée appartenant à la municipalité, située au n° 10 de la rue Jean Boucher. Ce bâtiment, en parfait état, était précédemment occupé par des associations (Le Pélican, S2D, Encre de Chine, AFPS) qui ont depuis été relogées dans d'autres locaux. Il semblerait que la Mairie envisage de mettre en vente ce pavillon (tout comme celui d'à côté, qui était auparavant loué à l'association des Tombées de la Nuit, et qui est inoccupé depuis plus de 2 ans).

Notre demande part du constat que certaines familles ne sont logées ni par le 115, ni par la Mairie. Ainsi la famille M. dont nous avons longuement exposé la situation dramatique en réunion de concertation (3 enfants mineurs scolarisés, avec une maman qui vient d'obtenir une autorisation de séjour pour raison médicale). Nous avons par ailleurs été saisis du cas de Madame K. et de son enfant, traité pour une maladie grave par le centre d'hématologie pédiatrique de l'hôpital Sud : là encore, un hébergement stable assurerait de meilleures chances de réussite des soins. Les 2 familles, que nous connaissons depuis longtemps, pourraient aisément résider dans la même maison et nous serions particulièrement attentifs au respect des engagements pris.

Dans un premier temps, le 21 avril, Monsieur Bourcier avait pris note de notre demande, transmise par Madame Faucheux, promettant de se renseigner et nous assurant qu'une réponse nous aurait été donnée le 30 avril (à l'occasion de la réunion du groupe de réflexion sur l'Encyclopédie des migrants au Triangle). Le jour dit, M Bourcier nous a affirmé s'en occuper dès le lundi suivant (2 mai). Nous sommes aujourd'hui le 9 et nous n'avons toujours aucune nouvelle.

Nous pouvons comprendre que le calendrier municipal n'est pas exactement celui du monde associatif, toutefois, le cas de la famille M. a été signalé de très longue date (puisqu'ils sont à la rue depuis plus de 2 mois). Nous ne pouvons aujourd'hui comprendre l'absence de réponse que comme une volonté de la part de la municipalité de ne pas traiter le problème.

Certes, d'autres familles sont hébergées par la mairie : tous les rapports le démontrent, l'hébergement hôtelier précarise les familles et accentuent les problèmes de santé et de scolarité. Que la Municipalité dispose de bâtiments vides, en parfait état, pour lesquels elle paie des systèmes et des sociétés de surveillance quand des familles sont à la rue ou connaissent des conditions de vie très difficiles liées à l'hébergement hôtelier, nous semble proprement inadmissible. L'hébergement en hôtels, représente un coût annuel de 800 000 euros pour les contribuables rennais (annonce faite à la conférence La Vie-Ouest France le 25 avril par M Bourcier) quand, pour un nombre équivalent de personnes, le coût total en CADA (logement et accompagnement social compris) revient à 839 000 euros annuels.

Tant pour des raisons humanitaires que pour des raisons économiques, nous réitérons donc notre demande de mise à disposition de la maison de la rue Jean Boucher qui pourrait aisément accueillir 2 familles. Nous pouvons également adjoindre à cette demande celle concernant la maison voisine qui se languit d'habitants depuis si longtemps (mais qui, dans le même temps, représente une dépense conséquence en terme de surveillance). Rappelons, s'il en est besoin, que notre association a toujours scrupuleusement respecté ses engagements pour ce qui concerne la fin des contrats : dès que le bailleur nous fait savoir la mise en chantier de son projet, nous nous engageons à quitter les lieux. Dans l'intervalle, la Mairie pourrait s'honorer d'avoir contribué à offrir une vie plus digne aux personnes, tout en faisant quelques économies substantielles sur le budget municipal.

Nous connaissons de nombreux autres bâtiments identiques appartenant à la municipalité et qui sont inoccupés depuis des mois, voire des années. Que l'on ne nous réponde pas que ces lieux « ne sont pas en état », les deux exemples cités plus haut, que nous connaissons parfaitement, démontrent très exactement le contraire. Nous serons donc particulièrement attentifs à votre réponse ainsi qu'au décompte des jours d'inoccupation des lieux (à partir du 29 avril pour le n° 10), et ne manquerons pas d'en rendre compte publiquement d'ici une quinzaine de jours.

Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir nos salutations distinguées.

Pour l'association Un toit c'est un droit,

sa présidente, Armelle Bounya

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