Les
associations et les bénévoles ayant soutenu les migrant.e.s des
Jardins de la Poterie durant l'année écoulée ont été scandalisés
par les propos du préfet d'Ille-et-Vilaine retranscrits dans la
presse les 14, 15 et 16 juillet 2017 et par la confusion qu'il a
créée.
Faisant
semblant de découvrir les échéances dont il est informé depuis
des mois, le Préfet déclarait, jusqu'au 16 juillet, qu'il n'y avait
« aucun problème » concernant le sort des 160 habitant.e.s de la
Poterie puisqu'ils y vivaient dans de « relativement bonnes
conditions, n'étaient donc pas en situation de détresse… ni
menacés d'expulsion » !
Pour
justifier sa position, Christophe Mirmand affirmait n'être qu'un «
simple spectateur » de cette expérience de mise à l'abri des
personnes qui a fédéré durant un an associations, partis
politiques, syndicats, citoyen.ne.s, voisin.e.s, propriétaire du
lieu et municipalité de Rennes en faisant économiser à l'État des
milliers d'euros*.
Alors
que les pouvoirs publics avaient largement le temps d'anticiper
puisque les conventions ont été signées en décembre 2016, la
préfecture d'Ille-et-Vilaine a fait le choix de refuser la
concertation durant plusieurs mois pour, finalement, repousser les
réunions décisionnelles avec la Ville de Rennes jusqu'à l'ultime
limite, allant même jusqu'à s'opposer à l'ouverture d'un gymnase.
Dans
son souci de dénigrer les migrant.e.s et leurs soutiens, le Préfet
n'a pas hésité à mentir effrontément, prétendant que les
migrant.e.s auraient été convoqués en préfecture et ne s'y
seraient pas rendus. Faut-il lui rappeler, que les services
préfectoraux et ceux de l'OFII se sont imposés aux Jardins de la
Poterie les 5 et 6 juillet et qu'ils ont été reçus cordialement
par l'association et les migrant.e.s.
Pour
la préfecture, seules les associations et notamment « Un Toit,
c'est Un Droit », seraient responsables de cette catastrophe
annoncée, en quittant le lieu à la date fixée par le bail signé
avec le propriétaire ! Le Préfet a également interdit la fermeture
des compteurs d'eau et d'électricité demandée aux distributeurs
par les associations, en respect des conventions signées. Il est
très étrange qu'un représentant de l'Etat incite une association à
ne pas respecter ses engagements pour se mettre dans l'illégalité.
Entendait-il par là les pousser à la faute d'une occupation
illégale, pour ensuite faciliter leur poursuite en justice ? Ou
encore, le Préfet souhaite t-il mettre tout de suite un terme à
cette expérience innovante qui a permis de mettre durant 1 an 160
personnes à l'abri, de peur que cette initiative ne se reproduise ?
N'en
déplaise au Préfet, les migrant.e.s et les associations qui les
accompagnent n'ont eux qu'une parole et ils l'ont prouvé en quittant
les lieux à la date prévue dans le calme, malgré l'absence de
perspective de relogement.
Il
aura fallu attendre que les migrant.e.s et leurs bagages trouvent
refuge sur les « transats en ville » de la place de la Mairie pour
que les services de l'Etat annoncent la mise à l'abri de
« 75 personnes en cours de procédure » et que la Ville de Rennes
décide finalement de l'ouverture d'un gymnase pour les familles avec
enfants, en plus des 20 places mises à disposition
pour les plus vulnérables. L'évêché a également fait un geste en
ouvrant une vingtaine de places dans les jours à venir. Les exclus
de ces propositions tardives ont été pris en charge par des
familles solidaires.
Personne
parmi les 160 migrant.e.s de la Poterie n'a dormi à la rue le 17
juillet !
Toutes
ces solutions ne sont que provisoires et nous continuerons à lutter
aux côtés des migrant.e.s tant que des propositions de relogements
dignes et pérennes ne seront pas trouvées.
*Pour
rappel : l'État a obligation d'héberger les demandeurs d'asile et
les réfugié.e.s. Le code de l'action sociale stipule également que
l'État doit mettre à l'abri, de manière inconditionnelle,
les personnes en situation de détresse.
L'association
Un Toit c'est Un Droit
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