mercredi 13 mai 2020

Communiqué de l'inter-orga



Collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées de Rennes

Communiqué de presse


A Rennes, le mercredi 6 mai 2020,


Depuis le 17 Mars dernier, date de début du confinement, face à une précarisation accrue des personnes en situation de pauvreté, françaises ou étrangères, avec ou sans papiers, le travail des associations et du collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées de Rennes est massif.
La première initiative fut la création du site d’information et d’enregistrement des appels de détresse rennescovidsolidarité.info, disponible en plusieurs langues, et une forte mobilisation autour du ravitaillement des personnes en biens de première nécessité, alimentation et hygiène, par le biais notamment d’une coordination élargie avec les actrices et acteurs traditionnels de la distribution alimentaire. En quelques jours, des militant.e.s qui habituellement se battent contre le manque de papiers et de logements pour les personnes migrantes ont dû s’auto-convertir en professionnel.le.s de l’aide alimentaire : depuis le début du confinement, pour le seul site de l’école de la Volga, près de 5000 personnes ont ainsi pu être livrées et les demandes montent en flèches ces deux dernières semaines.


Les associations déplorent le manque d’engagement de l’état et de la mairie de Rennes qui ne se sont mobilisés que très tard dans cette crise sanitaire de grande ampleur et n’ont quasiment apporté aucun moyen logistique ni financier.


L’état s’est contenté d’une mise à l’abri tardive (qui s’arrêtera le 10 mai pour certaines personnes) et d’une distribution de tickets services limitées aux personnes confinées dans les hôtels, allant jusqu’à menacer, via le SIAO, les associations de poursuites judiciaires pour l’ouverture du site internet.
La mairie, elle, s’est contentée de mettre deux écoles à la disposition des associations pour l’organisation de l'aide alimentaire, leur en déléguant la gestion sanitaire complexe, toute la logistique et le "temps de travail" (non rémunéré car réalisé par des militant.e.s). Par contre, son CCAS a renvoyé bon nombre de personnes sollicitant de l’aide vers le site rennescovidsolidarite.info, allant jusqu’à créer une confusion quant au caractère public de cette gestion.
Nous sommes révolté.e.s par l’insuffisance criante des moyens financiers et matériels qui devraient être alloués pour le soutien aux personnes les plus démunies, qu’elles soient françaises ou étrangères, que ce soit par l’état ou par la mairie.


Il est certain qu’au 11 mai les personnes en situation de pauvreté ne cesseront pas d’avoir faim, que celles et ceux que la crise aura considérablement fragilisé.e.s continueront de se faire connaître et que les demandes vont continuer d’augmenter considérablement.


En prévision du retour en classe le 11 mai, la Mairie a repris les 2 écoles mises à disposition des associations depuis 2 mois et a ouvert un seul nouveau lieu pour les distributions d’aide alimentaire : le gymnase de la Courouze. Ses modalités précises de fonctionnement n’étant pas encore fixées et beaucoup de bénévoles devant retourner au travail, nous laissons donc désormais à la Mairie cette charge logistique qu'il lui revient de mener à bien.
Pour ajouter à cette situation hyper tendue, les personnes précaires, avec ou sans papiers, à la rue ou à l’hôtel, ainsi que les militant.e.s des associations, parfois même alors qu’ils livrent des colis alimentaires, sont victimes d’une répression abusive et de la criminalisation de leur activité. Arrestations et gardes à vue injustifiées, procès-verbaux aux personnes SDF, convocations à la PAF (Police aux Frontières) à la sortie du confinement et refus de prise en charge des situations de violences conjugales par les forces de l’ordre, ont eu cours librement tout au long de cette période de confinement.
Nous savons aussi que la période de dé-confinement annonce une sortie massive des personnes « mises à l’abri » et que ce seront plus de 300 personnes qui vont à nouveau se retrouver sans logement à Rennes et qui s’ajouteront à celles et ceux sont restés sans solution.
Enfin il apparaît clairement que, tant que les personnes exilées ne seront pas toutes régularisées, elles resteront de ce fait sans possibilité de travailler, sans revenus et sans toit : une situation d’une violence inouïe, totalement contraire à toutes les conventions internationales signées par la France !


Cette situation exceptionnelle impose des mesures exceptionnelles !


Nous exigeons des pouvoirs publics qu'ils prennent leurs responsabilités en allouant plus de moyens aux actrices et acteurs de la distribution alimentaire, en mettant à disposition gratuitement des lieux adaptés ainsi que l’aide financière et matérielle nécessaire à leur fonctionnement (véhicules, systèmes frigorifiques, stocks alimentaires et d’hygiène, embauche de salariés, etc).

Nous demandons la suppression de toutes les pénalisations pour cette période de confinement.

Nous exigeons des pouvoirs publics, état et collectivités, la réquisition des bâtiments et logements vides dont il et elles disposent, ainsi que la mobilisation des moyens logistiques nécessaires à la mise à l’abri des personnes sans domicile : les associations ont fait plusieurs propositions restées sans réponse jusqu’à ce jour.

Nous demandons la non-réouverture du Centre de Rétention Administrative de St-Jacques-de-la-Lande, la fin des assignations à résidence et l'abandon de toutes les OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français).

Enfin, nous réaffirmons la nécessité, aux côtés des États Généraux des Migrations, du collectif InterSquats Exilé·e·s Lyon et Environs et de la Marche des Solidarités, de régulariser immédiatement, de façon pérenne et inconditionnelle toutes les personnes sans papiers présentes sur le territoire français et européen et la garantie pour tou.te.s de l’accès aux droits fondamentaux : c’est en très grande partie cette absence de papiers qui empêche environ 400 000 personnes aujourd’hui en France de travailler et de sortir de la précarité qui les asphyxie.

Ces propositions sont celles que nous revendiquons pour la sortie du confinement et nous les voulons durables. Notre société doit prendre la mesure, en ce moment particulier, des changements de fonctionnement qu’elle doit effectuer et réinvestir dans la solidarité afin de garantir enfin le respect, pour tou.te.s, des droits fondamentaux qui, seuls, permettent à chacun.e de vivre dans la dignité.

Ce sont ces revendications que nous exposerons à la Maire de Rennes lundi 11 mai si elle donne suite à notre demande de rendez-vous, et que nous porterons lors de la manifestation que nous organiserons le 30 mai dans le respect des gestes barrière, précautions rendues nécessaires par la crise sanitaire.

Quoi qu’il en soit, les composantes de l'inter-organisation sauront, comme à l’accoutumée, prendre toutes leurs responsabilités avec et aux côtés des plus vulnérables.



Le collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées de Rennes
contact :
interorga35@protonmail.com






Retrouvez ce texte, ainsi que d’autres communiqués et témoignages sur le site : https://rennescovidsolidarite.info/communiquesdepresse/



Signataires :

ACE – ATTAC Rennes – L’Aubière-Thorigné – La Cimade 35 – CNT 35 – CRIDEV  – D’Ici ou D’Ailleurs – Ensemble 35 – Etonnant Voyage – FSU 35 – GAT Migrants FI 35 – Groupe Logement du 14 Octobre – MRAP 35 – NPA Rennes – Planning Familial 35 – Québriac Migrants Solidarité – RESF 35 – SDAS FO 35 – Un Toit c’est Un Droit – Utopia 56 Rennes

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