vendredi 28 juin 2013

EXPULSION A LA DEMANDE DE LA MAIRIE DE ST JACQUES DE LA LANDE DES MIGRANTS DE LA MAISON RUE F. BENOIT


C'est la période du grand nettoyage avant l’été des squats à Rennes et aux alentours orchestré par la préfecture d'Ille et Vilaine et les communes...

En deux semaines trois squats ont déjà été évacués sur Rennes.

C'était donc au tour de la commune de St. Jacques de faire évacuer le sien

Mardi 25 juin vers 15h rue F. Benoit (voir CR de l’association « Un toit c'est un Droit » 


Les affaires des migrants sont chargées en vrac dans des camions par des employés de la mairie de Saint Jacques, transportées ensuite dans des box de stockage :

- pour le « petit matériel » juste à côté de l'école de la Croix verte, dans un des garage désaffecté au pied de trois logements vides,

- et pour les meubles, dans un des garages du service technique de la mairie.

A défaut d’avoir été concertés et plutôt que d’attendre que nous soyons sur le lieu d’expulsion afin d’aider à l’organisation de l’expulsion, d’apporter les clés de certaines parties de la maison, au moins une porte a été enfoncée créant de nouveaux frais à la collectivité…

Interdiction de toucher les affaires nous mêmes, la procédure est la procédure ! Chargement des affaires dans des camions de la commune. On attendra donc la réception des affaires devant des locaux de la mairie. Les employés techniques viennent seulement nous ouvrir et nous annoncent « vous avez une heure, après on ferme» !

Alors que sur d'autres expulsions, même auprès de boites privées, les employés laissent l’accès à leurs affaires aux familles et aux personnes les accompagnant, pour Saint Jacques, c'est non ! Aucune clef ne sera laissée à disposition et ils devront toujours passer par la mairie pour avoir accès aux box de stockage et donc à leurs affaires !

Nous essayons donc de charger un maximum les voitures...

Après que les familles aient fait le tri dans leurs affaires rangées en vrac: constat qu'il en manque et que des pièces de la maison n'ont donc pas toutes été déménagées ! Il faudra revenir demain, les box seront fermés dans quelques instants...

Concernant les situations des familles le 25 Juin au soir : une nuit d'hôtel pour deux familles dans des hôtels 3 étoiles. Le reste des habitant-e-s : à défaut d'être à la rue, direction une autre réquisition déjà surpeuplée !

Mercredi 26 Juin 2013, un RDV est donné entre les membres de l'association Un toit c'est un Droit et le Collectif de Citoyen-ne-s de St Jacques devant la mairie à 16h30 afin de réceptionner les autres affaires des familles...

Entre midi un courrier électronique est envoyé de la part du collectif à Mr Le Maire de Saint Jacques de la Lande l’informant qu’aucune place ne serait disponible en hébergement d’urgence ce soir, laissant 12 enfants et leurs familles à la rue.

De nouveau un tri s'impose, les affaires des uns dans les valises des autres, des papiers non retrouvés...

Les familles essayent tant bien que mal de retrouver leurs affaires et nous continuons à charger les voitures...

Le problème : aucune nouvelle concernant le devenir des familles et sur leur relogement potentiel...

Nous croisons plusieurs élus pendant le temps de tri et de chargement, chacun d’entre eux se défile !

Une fois les affaires triées, stockées dans d'autres locaux que ceux de la commune, nous nous rendons devant la mairie...Fermée ! Aucun élu pour nous recevoir, seuls Gilles Garry, Directeur Général des Services de la ville de St Jacques et Rachel Vaillot, Directrice du Cabinet du Maire, après un long temps d'attente, viennent à notre rencontre...

Une discussion très serrée débute alors sur la voie publique. Le personnel rappelant la position de la mairie sur la nécessité de l’expulsion qui avait été annoncée dès le début (il ne faisait donc que mener le processus à son terme), outrés, les membres du collectif et de l’association « Un toit c'est un Droit » leur expliquent à leur tour que l’on aurait pu organiser les choses plus humainement et en concertation évitant ainsi le traumatisme causé à nouveau pour les enfants et les traitements humiliants !

Nous avons demandé à ce que soit rappelé au maire ses engagements vis à vis des enfants !

En effet, lors de notre intervention au conseil municipal, ce dernier nous avait assuré qu’il n’y aurait aucun enfant laissé à la rue.

Verdict : une seule solution d'hébergement a été trouvée pour UNE famille sur les 5 !

à savoir quelques nuits d’hôtels jusqu'à lundi prochain !

Résultat : 10 enfants laissés à la rue le 26 Juin à 18h30 par la commune de Saint Jacques de la Lande!

Nous repartons donc, outrés, direction un des squat de la ville pour y faire un point et essayer de trouver des solutions d'hébergement d'urgence pour les autres familles...

Une heure plus tard, M.Couet Maire de Saint Jacques téléphone à une des membres de l'association un toit c'est un Droit pour faire un point...il se trouve que des membres du collectif sont avec cette personne et écoutent attentivement ce que le Maire explique au téléphone...

« Je ne le dirai pas par voie de presse mais il est possible que mon équipe ait pu faire quelques maladresses et veuillez entendre que ce n'est en aucun cas cette situation que je voulais »

« De plus, c'était la première fois que nous avons eu à faire face à cette situation, comprenez qu'il y ait pu y avoir des maladresses... »

« je me suis engagé pour les familles en situation de demandeurs d'asile, je tiendrai mes engagements »

« En ce qui concerne le collectif d'habitant-e-s de Saint Jacques, je pense qu'il y a un malentendu, il n'a jamais été évoqué et il n'y a eu aucune demande de leur part de discuter des conditions de sortie des migrants de la maison, nous n'avons en aucun cas ressenti une demande de dialogue»

Après un long moment de discussions, de rappel des promesses prononcées, il finit par expliquer qu'il va essayer d'obtenir au moins un logement pour la famille demandeuse d'asile et une nuit d’hôtel pour l'autre famille en cours de procédure...

Juste le temps de manger pour ces familles et les voilà reparties, direction Saint Jacques à leur plus grand étonnement !

Mise à disposition d'une maison au 73 rue du Temple du Blosne avec en comité d'accueil, tout sourire Mme Malardé (1ère Maire-Adjointe à la Solidarité) et Mme Vaillot (qui la veille participait à leur expulsion !) qui leur font la visite des lieux et leur expliquent qu'ils sont les bienvenus !

L'autre famille se voit accompagnée à l’hôtel avec petit déjeuner compris nous explique Mme Vaillot qui nous demande si elle a bien fait !

Quant à la troisième famille hébergée (dont l’enfant est malade) à l’hôtel jusqu’à lundi, M. Couet a promis qu’il se chargerait personnellement de leur cas.

Pour le reste des familles, soit 5 enfants aucune solution n'est proposée.

Sans même attendre la fin de l'année scolaire d'un des enfants scolarisé à l'école S.Lacorre sur la commune de Saint Jacques de la Lande, ni même la fin de la procédure judiciaire puisqu’il avait été fait appel du dernier jugement suite au constat réalisé par un huissier démontrant que le motif d'expulsion, à savoir la présence d'une chaudière défectueuse, n était pas valable puisque le danger avait été constaté et supprimé par les habitant-e-s et l'association un Toit c'est un droit eux-mêmes lors des premiers jours de la réquisition en période fraîche.

« Assumer la décision difficile et nécessaire de libérer les lieux mais assurer qu’ il allait créer les conditions les plus favorables à une mise à l abri des familles concernées » tels étaient les mots du maire lors de notre intervention au conseil municipal du 13/05/13.

Assumer : Effectivement la décision l’a été on peut même dire que la mairie aura agit avec un zèle rarement égalé en la matière:

- deux constats d'huissier des le début de la réquisition, le deuxième étant venu contester le premier car pas assez en faveur de la commune,

- obtention de la suppression du délai légal de deux mois après le jugement de l expulsion,

- expulsion sans aucun préavis, en plein milieu de l après-midi au moment où la police sait bien que les associations et les citoyens sont pris par leurs obligations et activités,

- contrôle d'identité avec convocation à la police des frontières le lendemain de deux migrants dont le papa du petit garçon qui doit être opéré !!!!!

De mémoire des militants de l association "Un toit c'est un Droit" qui ont maintenant une certaine expérience des procédures d expulsion, c'est du jamais vu !

Sachant que l'expulsion approchait nous avons interpellé la mairie à mainte reprises (courrier déposé le 07/06/13 ; interpellation des élus de permanence : Mme Ducamin et Mr Texier adjoints au maire les 08 et 15 juin pour appuyer notre courrier resté sans réponse jusque là ) pour demander le maintien des familles au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire ; obtenir un rdv urgent pour savoir quand elle aurait lieu de manière à pouvoir discuter sereinement autour d’une table et non dans l’urgence sur la voie publique pour trouver des solutions d’hébergement et préparer leurs affaires pour éviter qu’elles ne soient ramassées en vrac sans aucune considération ; et enfin pour savoir ce qui allait être proposé à ces familles suite à l'expulsion.

Pour ajouter à cela et pour bien montrer la mauvaise foi générale de la commune, le collectif a été informé par le cabinet du maire le 20 juin qu’un rdv avait été fixé par la mairie au collectif le 5 juillet à 17h suite à notre courrier daté du 07/06/13……

Nous nous interrogeons donc sur la considération de certains de nos élu-e-s politiques à notre égard, et à l’égard de toutes ces familles.

A suivre…

Le collectif des habitants de St Jacques en soutien aux migrants.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire