mardi 25 juin 2013

La houle ne mollit pas : 3 expulsions en 15 jours. A quand la prochaine ?


Mercredi 19 juin - Une déferlante -



Vers 15 heures 15, deux cars et deux voitures de policiers (une douzaine) stationnaient au 86, Rue de Lorient. Une expulsion d'un squat occupé par 15 migrants dont deux enfants (3 ans et 9 ans), de nationalité géorgienne, était en cours. Deux huissiers et le propriétaire se trouvaient également sur les lieux. Les résidents, vaquant à leurs occupations, étaient absents. Le représentant de la Préfecture était reparti, ayant constaté leur absence.

Pénétrant dans le lieu, le propriétaire m'interpelle et me demande mon identité que je décline à la police seulement . Elle m' enjoint de ressortir.

Les policiers ayant alors commencé leurs visites et investigations dans les différents pièces de la maison, un huissier demande que faire des sacs à dos et autres des migrants.
- Il faut les laisser accessibles à tous, ils contiennent certainement des documents personnels ou divers.
Le propriétaire furibond intervient :
- Il n'y a qu'à les jeter dans le jardin, je vais y mettre le feu.
Des policiers gardent l'entrée de la maison, toute pénétration de quiconque dans les lieux est refusée.


Ayant terminé leur besogne, des policiers ressortent enfin.
Une résidente avec ses deux enfants arrive, stupéfiée, elle présente son récépissé préfectoral de demande d'asile et veut entrer pour récupérer les vêtements de ses enfants, les nécessaires pour la toilette, les provisions pour la famille, des objets personnels. NON.
Dans une incompréhension totale, elle reste sur le trottoir, effondrée, en larmes avec son jeune fils qui pleure, effrayé par la présence des policiers. Puis exaspérée, elle montre son récépissé et demande à nouveau à reprendre ses affaires. NON
Et là stupeur ! Un gaillard, au premier étage, ouvre la fenêtre et commence à balancer avec rage des sacs plastique pleins de vêtements, des valises, des sacs de provisions, des conserves, des objets personnels en tout genre qui atterrissent et s'accumulent sur le trottoir sous le regard pétrifié de la femme, et de voisins. Maltraiter les biens, à défaut d'exercer sa violence sur les personnes.
La police impavide laisse faire l'humiliation, la stigmatisation.


D'autres résidents arrivent. Regards fixes. Sidération. Constat de l'ignoble : l'amoncellement sur le trottoir.
Ils présentent, eux aussi, leur récépissé préfectoral, puis interrogent :

Pourquoi l' Asile ?
Où le droit ? Ici ? maintenant ?

Pourquoi pas prévenir ?
Un policier jette : Vous étiez prévenus !

Comment le savaient-ils ? Un huissier était passé la semaine précédente leur disant que leur expulsion était proche. Cela signifiait-il qu'ils devaient à partir de ce moment et jusqu'au fatal jour - J - de leur expulsion, se tenir de six heures du matin et jusqu'à 22heures, leurs bagages et objets personnels au pied, prêts
pour évacuer sur le champ leur hébergement plus que précaire ? Ils ne le savaient pas !
Qu'eût-on rapporté, colporté s'ils avaient justement été présents ? ........
Les services de la Préfecture sont perméables ! Les migrants savent quand ils vont être expulsés ! ! ! Donner Tort ne suffit pas pour avoir raison, loin s'en faut !

Le grand désordre des objets personnels se répand sur le trottoir ainsi que des matelas, draps et couvertures. Avoir seulement - un matelas - pour se poser la nuit !



La "belle ouvrage" achevée, un maçon que le propriétaire avait engagé pour la circonstance et que l'un des policiers a appelé "les maçons du cœur" s'est mis au travail. Les sacs et biens divers risquent d'être pris dans des coulures de ciment dégoulinantes. Il faut tout dégager rapidement. Un policier pour accélérer le mouvement, le fait en y donnant des coups de pied :
- Je suis énervé, j'ai arrêté de fumer. Alors ! ! !

Les migrants atterrés ne trouvent plus ceci, cela qui leur appartenait dans le vrac sur le trottoir. Ils veulent absolument entrer pour prendre encore ces objets personnels qui leur manquent. HORS DE QUESTION ! Le propriétaire, lui, était calmé.

Leur désespoir : hommes, femmes et enfants, objets, traités comme dérisoires.

Questions lancinantes :

Où mettre nos affaires ?
Où dormir la nuit ?
Dans la RUE !
La HANTISE des migrants : la VIE à la RUE.

Appel, rappel à la Préfecture afin d'obtenir un hébergement : tous ont des récépissés. Néant
Une expulsion "sèche". Pas un seul hébergement accordé. L'aubaine ! 



Ces migrants se sont dirigés vers un autre squat, sans possibilité de nouvel hébergement. Tension, animosité, agressivité, inévitables. Ils sont repartis vers le dédale des rues.

Violence de part et d'autre, certes. Qui la génère et porte la responsabilité de ses conséquences ? - L' Etat seul - qui persistant singulièrement dans l'illégalité, ne respecte pas les droits accordés par les législation française, européenne, internationale aux demandeurs d'asile, en particulier celui de l'hébergement.
Comment sur le plan local, la Préfecture, la Police assument-elles " ces troubles à l'ordre public" qu' elles engendrent ? Quelle justification peuvent-elles apporter à ce déni affiché du respect élémentaire de la personne humaine.

A ne pas revivre !

Marie T.

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