mardi 8 octobre 2013

Vous n'aurez d'autre choix que d'assumer votre responsabilité !


Association « Un Toit c'est un Droit »,                                                         Rennes le 8/10/2013
MIR, 7 quai  Chateaubriand,
35 000 Rennes

à Monsieur le Maire de La Mézière,
Vice-Président de la Communauté de Communes du Val d'Ille
à Monsieur le Président de la Communauté de Communes du Val d'Ille


Objet : demande de départ volontaire des résidents de Beauséjour.




Messieurs,

La justice s'est prononcée et a ordonné l'expulsion des occupants du squat de l'hôtel Beauséjour de la Mézière. Les occupants se soumettront à la décision de justice et quitteront les lieux quand les forces de l'ordre le leur ordonneront. Mais pas avant.

Samedi après-midi puis lundi, les gendarmes puis l'huissier nous ont demandé d'organiser le départ des personnes, au moins des enfants, afin de « leur éviter le traumatisme de l'expulsion ».

Mais comment le pourrions-nous ? Faut-il préciser que vivre en squat n'est pas un jeu et que chaque nuit où on peut dormir couché plutôt qu'assis dans une voiture ou une salle d'attente, chaque jour où on peut s'asseoir à l'abri, se chauffer un repas et avoir des toilettes valent mieux que la rue ? S'ils se sont installés là c'est qu'ils n'ont réellement pas d'autre solution, et c'est pour ça qu'ils resteront jusqu'au bout.

De plus, nous savons par expérience que si la préfecture propose des relogements, ne serait-ce que pour 3 nuits ou même une seule nuit, ces relogements ne seront proposés qu'aux personnes physiquement présentes sur les lieux au moment de l'expulsion. Or pour ces personnes et ces familles rongées par l'angoisse, trois nuits ou une nuit à l'abri, ce n'est pas un détail. Ces nuits à l'abri auxquelles ils ont tous droit d'après l'article L345-2-2 du Code de l'action sociale et des familles (" Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence "), ils savent tous très bien qu'ils ont peu de chance de les obtenir simplement en appelant le 115, totalement saturé. La seule manière pour eux d'espérer pouvoir y avoir accès est donc bien de rester jusqu'au bout dans ce lieu réquisitionné.

Certes pour les enfants l'expulsion peut être traumatisante et nous sommes les premiers à le déplorer mais, en tant qu'individus, nous n'avons pas plus que vous, Messieurs, la possibilité matérielle de les accueillir tous à domicile. Si, par contre, une solution collective pérenne de relogement était trouvée (voir bâtiments publics en bon état et non utilisés ...), il est bien évident qu'il n'y aurait plus pour eux aucune justification à se cramponner à l'hôtel Beauséjour. Nous pensons même pouvoir vous affirmer sans crainte que, sans qu'il y n'ait besoin d'aucune demande expresse de personne, ils quitteraient le squat immédiatement d'eux-mêmes.

Ainsi donc, Monsieur le Maire, Monsieur le Président, les résidents du squat de Beauséjour ne partiront pas de leur propre initiative, et vous n'aurez d'autre choix que d'assumer votre responsabilité.

Restant à votre disposition.

Un Toit c'est Un Droit

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