samedi 9 mai 2015

Mise au point Squat de la rue Châtillon

Les récents événements sur le squat de la rue de Châtillon et leur surexploitation médiatique nous poussent aujourd'hui à nous exprimer publiquement.

En premier lieu, nous tenons à exprimer notre totale solidarité avec le DAL 35 et à dénoncer avec la plus grande fermeté tout propos haineux tenu à l'égard de qui que ce soit. 


 


Communiqué DAL national


"Squat à Rennes : mise au point du Droit Au Logement

Le DAL a été cité sur des sites internet d’extrême droite, notamment de mouvements identitaires, à la suite de la médiatisation d’un fait divers : le squat d’une maison apparemment vide depuis plusieurs années, propriété d’une octogénaire qui dit vouloir s’y réinstaller.

Depuis quelques jours, le responsable du DAL Rennes est assailli d’appels téléphoniques à ce sujet, chargés d’insultes et de menaces, caractéristiques des pratiques d’extrême droite.

Le DAL ne connaît pas les occupants de cette maison, et ignorait cette occupation avant qu’elle ne devienne une affaire « médiatique », du fait de la situation particulière de la propriétaire et suite à une campagne alimentée par les réseaux d’ultra droite, relayée par la droite locale. L’ancien secrétaire d’État au logement député l’UMP, Marc Daubresse, a même promis de déposer une loi....

Pour mettre un peu d’ordre dans ce débat, la fédération DAL rappelle que le domicile est protégé contre son occupation abusive notamment par l’article 38 de la loi du 5 mars 2007 :

Celui ci permet au Préfet de faire expulser, sans décision de justice et en 2 ou 3 jours, « les personnes qui se son introduits et se sont maintenus dans le domicile d’autrui».

Cet article qui a été introduit par le Sénat pendant l’examen de la loi DALO, n’a pas à voir avec la procédure DALO, ni avec le « délai de 48h » évoqué dans les médias.

Pourquoi l’avocat de cette vieille dame n’a pas demandé au  Préfet d’Ile et Vilaine de mettre en œuvre cette disposition, ou n’a t’ il pas diligenté une procédure urgente, afin que la propriétaire réintègre  rapidement  sa maison?  Il est aussi surprenant  que celle ci n’ait pas donné suite aux aides proposées par la mairie de Rennes, appui juridique et relogement, en attendant l’aboutissement de la procédure, selon un communiqué de la maire de Rennes

Un toit c’est un droit !"



La vraie question posée par cette affaire est celle du droit au logement pour tous. Nous connaissons tous, dans notre entourage, des personnes, même salariées, qui n'ont pas les moyens de se loger.


Le nombre de SDF en France a augmenté de 50 % en 3 ans ! Cette situation intolérable n'épargne aucune génération, même si les jeunes sont les plus touchés. Aujourd'hui, certains sont parfois contraints de dormir dans la rue ou dans leur voiture, quand ils en ont une.


Dans le même temps, des milliers de logements restent vides, leurs propriétaires préférant spéculer sur le prix de l'immobilier. L'ordonnance de 45 prévoit la possibilité de les réquisitionner pour mettre les gens à l'abri, mais elle n'a pas été utilisée depuis plus de quinze ans : Nous ne pouvons tolérer que la protection du patrimoine immobilier soit prioritaire par rapport à celle des personnes !


Que, dans cette situation, des personnes sans toit cherchent des toits sans personne (s) est pour nous quelque chose de légitime, en parfaite adéquation avec l'esprit de la Constitution dont la référence première est le respect des droits fondamentaux.


Instrumentaliser les récents événements pour tenter de remettre en cause la mise à l'abri des personnes en détresse et le loi DALO est inacceptable !
Parallèlement, des lois existent aussi pour protéger la propriété privée : le législateur a prévu des procédures précises pour le garantir.


Dans tous les cas, c'est à la Justice de décider. En aucun cas il ne saurait être permis de faire justice soi-même, ou par des milices interposées. Les procédures légales doivent être respectées, sinon c'est la loi du plus fort et c'est totalement contraire au principe même de démocratie.


Dans l'affaire de la rue de Châtillon, on peut comprendre qu'une dame âgée soit un peu perdue dans les méandres de la justice, malgré les avertissements de la Ville de Rennes . Par contre on peut s'étonner de la promptitude de sa famille à s'exprimer avec autant de clarté devant les caméras et surtout à remercier les milices d'extrême droite pour leur aide !
L'affaire a été présentée dans la presse avec tout le pathos nécessaire pour émouvoir les gens, mais ceci ne suffit à justifier les appels à la haine sur les réseaux sociaux. Force doit rester à la raison, au calme et à la Justice.

Force doit rester également à un autre principe fondamental : le devoir de solidarité. Il faut exiger de toute urgence des mesures contre le mal-logement et faire en sorte qu'il n'y ait plus, dans notre pays, une seule personne à la rue.


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