Les
récents événements sur le squat de la rue de Châtillon et leur
surexploitation médiatique nous poussent aujourd'hui à nous
exprimer publiquement.
En
premier lieu, nous tenons à exprimer notre totale solidarité
avec
le DAL 35 et à dénoncer avec la plus grande fermeté tout
propos
haineux tenu à l'égard de qui que ce soit.
Communiqué DAL national
"Squat à Rennes : mise au point du Droit Au Logement
Le DAL a été
cité sur des sites internet d’extrême droite, notamment de
mouvements identitaires, à la suite de la médiatisation d’un
fait divers : le squat d’une maison apparemment vide depuis
plusieurs années, propriété d’une octogénaire qui dit vouloir
s’y réinstaller.
Depuis quelques jours, le
responsable du DAL Rennes est assailli d’appels téléphoniques à
ce sujet, chargés d’insultes et de menaces, caractéristiques des
pratiques d’extrême droite.
Le DAL ne connaît pas les
occupants de cette maison, et ignorait cette occupation avant
qu’elle ne devienne une affaire « médiatique », du fait de la
situation particulière de la propriétaire et suite à une
campagne alimentée par les réseaux d’ultra droite, relayée par
la droite locale. L’ancien secrétaire d’État au logement député
l’UMP, Marc Daubresse, a même promis de déposer une loi....
Pour mettre un peu d’ordre dans
ce débat, la fédération DAL rappelle que le domicile est protégé
contre son occupation abusive notamment par l’article 38 de la
loi du 5 mars 2007 :
Celui ci permet au Préfet de
faire expulser, sans décision de justice et en 2 ou 3 jours, «
les personnes qui se son introduits et se sont maintenus dans le
domicile d’autrui».
Cet article qui a été introduit
par le Sénat pendant l’examen de la loi DALO, n’a pas à voir
avec la procédure DALO, ni avec le « délai de 48h » évoqué dans
les médias.
Pourquoi l’avocat de cette
vieille dame n’a pas demandé au Préfet d’Ile et Vilaine de
mettre en œuvre cette disposition, ou n’a t’ il pas diligenté
une procédure urgente, afin que la propriétaire réintègre
rapidement sa maison? Il est aussi surprenant que celle ci
n’ait pas donné suite aux aides proposées par la mairie de
Rennes, appui juridique et relogement, en attendant
l’aboutissement de la procédure, selon un communiqué de la maire
de Rennes
Un toit c’est un droit !"
La
vraie question posée par cette affaire est celle du droit au
logement pour tous. Nous connaissons tous, dans notre
entourage, des
personnes, même salariées, qui n'ont pas les moyens de se
loger.
Le
nombre de SDF en France a augmenté de 50 % en 3 ans ! Cette
situation intolérable n'épargne aucune génération, même si les
jeunes sont les plus touchés. Aujourd'hui, certains sont
parfois
contraints de dormir dans la rue ou dans leur voiture, quand
ils en
ont une.
Dans
le même temps, des milliers de logements restent vides, leurs
propriétaires préférant spéculer sur le prix de l'immobilier.
L'ordonnance de 45 prévoit la possibilité de les
réquisitionner
pour mettre les gens à l'abri, mais elle n'a pas été utilisée
depuis plus de quinze ans : Nous ne pouvons tolérer que la
protection du patrimoine immobilier soit prioritaire par
rapport à
celle des personnes !
Que,
dans cette situation, des personnes sans toit cherchent des
toits
sans personne (s) est pour nous quelque chose de légitime, en
parfaite adéquation avec l'esprit de la Constitution dont la
référence première est le respect des droits fondamentaux.
Instrumentaliser
les récents événements pour tenter de remettre en cause la
mise à
l'abri des personnes en détresse et le loi DALO est
inacceptable !
Parallèlement,
des lois existent aussi pour protéger la propriété privée :
le législateur a prévu des procédures précises pour le
garantir.
Dans
tous les cas, c'est à la Justice de décider. En aucun cas il
ne
saurait être permis de faire justice soi-même, ou par des
milices
interposées. Les procédures légales doivent être respectées,
sinon c'est la loi du plus fort et c'est totalement contraire
au
principe même de démocratie.
Dans
l'affaire de la rue de Châtillon, on peut comprendre qu'une
dame âgée
soit un peu perdue dans les méandres de la justice, malgré les
avertissements de la Ville de Rennes . Par contre on peut
s'étonner de la promptitude de sa famille à s'exprimer avec
autant
de clarté devant les caméras et surtout à remercier les
milices
d'extrême droite pour leur aide !
L'affaire
a été présentée dans la presse avec tout le pathos nécessaire
pour émouvoir les gens, mais ceci ne suffit à justifier les
appels à la
haine sur les réseaux sociaux. Force doit rester à la raison,
au
calme et à la Justice.
Force
doit rester également à un autre principe fondamental : le
devoir de solidarité. Il faut exiger de toute urgence des
mesures
contre le mal-logement et faire en sorte qu'il n'y ait plus,
dans
notre pays, une seule personne à la rue.
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