mardi 3 mai 2011

Expulsion du 280 route de Fougères. Déroulement de la journée.



L'ordre d'expulsion de la réquisition du 280 route du Fougères a été exécuté lundi 2 mai à 6h00.

Un dispositif policier invraisemblable et impressionnant pour appliquer une décision indigne d'un État de droit.

Une trentaine de véhicules, une armada de CRS,  la PAF (Police Aux  Frontières) , une escouade des Renseignements Généraux et le gratin des services policiers préfectoraux pour contrôler et expulser quelques 150 migrants en situation régulière.

Mais aussi les journalistes, jugés indésirables




La veille au soir :



Le Dal35 a été prévenu anonymement par diverses sources confirmant la programmation de l'expulsion pour le lendemain matin. Durant la nuit le Dal35 a individuellement expliqué la situation à tous les occupants. Essayer de les rassurer, d'organiser une position commune et rappeler notre opposition à toute violence. Certains ont préféré quitter les lieux et rejoindre temporairement amis ou compatriotes. Néanmoins plus d'une centaine de personnes étaient présentes lors de l'intervention et toutes ont redouté cet instant.



La procédure :



Le Président du TGI a de nouveau confirmé l'ordre exécutoire d'expulsion le vendredi 30 avril au soir sur demande du Préfet. Il était donc impossible d'utiliser le moindre recours avant que l'expulsion  ne soit achevée. De plus, nul ne semblait ignorer que notre avocate partait en vacances à cet instant précis.

En aucune manière l'ordre d'expulsion n'a été communiqué aux migrants ou au Dal35. Si un huissier est venu sur la réquisition la semaine précédente, cela s'apparentait à une visite d'information à titre personnel. Il n'a  pas cherché à communiquer quoi que ce soit en particulier. Par la suite, il sera évoqué dans la requête que les occupants étant des migrants, la barrière de la langue empêchait toute possibilité d'informer. Or beaucoup de résidants sont francophones...De même sera évoquée l'impossibilité d'identifier les personnes quand la préfecture était en possession de ladite liste et l'utilisera durant l'évacuation forcée.

L'huissier a refusé de nous lire et de nous donner la notification, les justifications de l'expulsion et évidemment les possibilités de recours.



L'expulsion :



Malgré la violence psychologique exercée durant une expulsion et l'invraisemblable démonstration de force utilisée, cette expulsion s'est déroulée sans réel incident, autre que celui d'un placement au  CRA (Centre de Rétention Administrative) de St Jacques de la Lande, d'un ressortissant africain ayant un lourd passé médical et nécessitant un suivi particulier.

Nous condamnons fermement cette arrestation.

La police a investi le bâtiment et obligé chaque ressortissant à demeurer sous escorte dans la pièce où il se trouvait. Puis elle a distribué des cartons pour y déposer les effets personnels ne pouvant pas être emmenés le jour même.Ces cartons étant acheminés par la suite vers un garde-meuble.

L'évacuation, méthodique des migrants a été organisée par famille et par pièce.À la sortie chacun a vu son identité et son autorisation de séjour contrôlées par la PAF. Puis, si les familles ou personnes étaient considérées comme prioritaires, elles se voyaient attribuer un coupon les engageant à se rendre au service logement de la préfecture.



Accueil en préfecture :



Contrairement aux chiffres annoncés par celle-ci , plus d'une centaine de migrants s'y sont présentés. Néanmoins la préfecture a refusé de les recevoir, du fait qu'ils n'avaient encore pas retiré leur dossier de demandeur d'asile et ne pouvaient donc pas être considérés comme tels. Un délai anormalement long, mais justifié selon les dires préfectoraux.... bien qu'il faille plus de trois mois pour obtenir ce premier fameux rendez-vous, qui  permet entre autres, 2 mois plus tard, d'obtenir l'ATA. Une Allocation Temporaire d'Attente dérisoire; de 10`€ par jour, pour se loger, se nourrir et vêtir.

Un refus catégorique d'accorder un hébergement pour ces Somaliens en raison de leur statut de célibataire nous a t-on spécifié et d'un manque de places...



Une organisation des hébergements pour les expulsés quelque peu aléatoire, confuse mais habilement présentée.Ainsi la préfecture déclare avoir accordé une solution pour une cinquantaine de personnes. Elle ne dit pas qu'il s'agit d'un placement de de courte durée, en hôtel généralement, 10 jours au maximum.Au delà de ce délai, elle n'indique nullement si  la garantie de l 'hébergement sera renouvelée définitivement. Elle n'annonce pas plus une augmentation de l'offre d'hébergement et du budget consacré à cette offre.Il est donc possible, voire probable, que sous peu, la problématique de cet hébergement spécifique et uniquement de la compétence de l'État ressurgisse avec tout autant d'intensité.

Faute de véritable création, la préfecture risque de pérenniser son turnover de la misère. Cette méthode qui consiste à loger pour un certain temps quelques familles tandis que d'autres restent à la rue, puis d'alterner. Logement de courte durée/ sans hébergement de plus en plus souvent.




Mairie de Rennes.



Dans la foulée, le Dal35 a organisé un rassemblement place de la Maire.pour une cinquantaine de demandeurs d'asile, toujours sans solution d'hébergement. De nombreuses organisations spontanément ont répondu à l'appel.

Le Dal35 a rencontré l'élu(e) de permanence qui a immédiatement signifié qu'il n'y aurait aucune aide particulière à attendre, pas même une ouverture de gymnase ou le moindre préau. A l'exception de celle accordée à ce réfugié somalien amputé; deux nuits d'hôtel. Ainsi la préfecture, malgré son discours du jour, n'avait pas jugé utile de classer cette personne comme étant prioritaire. Pourtant l'étude de l'accueil réservé à ce monsieur par la préfecture est actuellement en cours à la Cour Européenne des Droits de l'homme...

L'élu(e) a rappelé les engagements de la municipalité, les choses faites et à venir, les déclarations officielles dénonçant la politique d'accueil de la préfecture. Mais nié farouchement n'avoir rien fait concernant la réquisition du 280 route de Fougères.

Cependant durant ces dix semaines d'occupation, le Dal35 n'a cessé de solliciter l'aide la Ville de Rennes. Pour une aide matérielle et sanitaire,dont le seul résultat a été la mise à disposition de poubelles, et ce avec bien des difficultés ou le refus constant d'y placer des toilettes mobiles... .

Sollicité une aide politique réelle, conforme aux déclarations annoncées durant la liquidation de la réquisition Louis Postel. Mais aucun élu de cette municipalité, et la Ville de Rennes elle-même, n'a jamais évoqué publiquement ne serait-ce que le nom de cette réquisition : 280 route de Fougères. Aucun élu, aucun groupe politique représenté au conseil municipal ne s'est déclaré seulement indigné des conditions de vie de ces réfugiés.

Bien sûr il y a eu le communiqué de presse de la Ville de Rennes. C'est beau et sûrement vrai mais hélas trop tard pour avoir la moindre utilité. Il ne suffit pas d'être désolé ou de condamner un acte odieux a posteriori. Le  dénoncer avant qu'il ne se produise nous semble une évidente nécessité. Et la Ville de Rennes avait la confirmation de l'expulsion depuis le vendredi précédent...




Le Conseil Général.



Confronté au refus de la Ville de Rennes d'apporter la moindre aide à des demandeurs d'asile, dépouillés de leurs effets personnels, le Dal35 soutenu par des militants de diverses organisations a occupé le centre social  Kléber durant deux heures. Un représentant du Conseil Général nous a expliqué ne pas pouvoir, dans son analyse, prendre en compte la protection des personnes; dussent-elles devoir dormir dans la rue et sous les pluies torrentielles. Sa fonction étant de protéger les lieux, les données informatiques et le matériel, il a donc en conséquence très naturellement demandé le recours de la force publique.




Point de chute : Chevaigné.



Conseil Général, Ville de Rennes, Préfecture, au final, ont eu la même attitude. Quelles que soient les justifications, chacun a fait en sorte que ces migrants restent à la rue.



Dans la soirée le Dal35 a investi une ancienne auberge sur la commune de Chevaigné. Sans eau, sans électricité, sans sanitaires. Un  squat de fortune où une cinquantaine de demandeurs d'asile ont dormi avec pour seul confort quelques couvertures... Le seul objectif étant de pouvoir dormir à l'abri des intempéries, de récupérer après tant d'acharnement.



Organisations, partis politiques, syndicats, collectifs, associations,etc, ces personnes ont besoin de votre soutien maintenant.



1 commentaire:

  1. LAVIGNE-CONNAULT3 mai 2011 à 22:56

    Ces personnes ont-elles besoin de vêtements, couvertures, chaussures ou autre...
    Comment peut-on les aider ?
    Irène et Joël

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