Jean-louis Tourenne (jean-louis.tourenne@cg35.fr ) répond aux sympathisants de Québriac qui lui ont adressé une lettre concernant les conditions d'accueil et de transport relatives aux migrants installés provisoirement sur la commune.
Le
département d’Ille et Vilaine connaît depuis quelques années un
afflux de jeunes migrants (450 en Ille et Vilaine, 10 en Mayenne, 45
en Loire Atlantique) parce que nous avons toujours eu la volonté de
les accueillir dignement en les accompagnant le mieux possible. Le
coût d’un mineur accueilli en Ille et Vilaine est de 130 € par
jour (soit plus de 15 millions d’euros pour l’ensemble des jeunes
accueillis) mais nous explosons de partout… les places de
foyers manquent, nous n’avons plus suffisamment d’assistants
familiaux. Ainsi 120 enfants d’Ille et Vilaine placés dans nos
services par décision de justice (le plus souvent pour maltraitance)
ne trouvent pas de places. Mais nous continuons de faire face à
notre obligation : assurer l’accompagnement des mineurs étrangers
isolés.
L’Etat
– et non la Région, le Département ou les communes - doit, lui,
assumer les conséquences de sa politique d’immigration et prendre
en charge les adultes, les familles ou les mineurs non isolés. Il
lui appartient donc de prendre toutes mesures nécessaires à assurer
le bien-être des populations considérées. Si nous acceptions de
transgresser, non seulement nos moyens n’y suffiraient pas mais
l’Etat aurait beau jeu de continuer à nous transférer la
responsabilité et la charge. Je peux comprendre que les arcanes
administratives devraient s’effacer devant les causes humanitaires
mais le département n’a que des causes humanitaires ou de
solidarité : politique personnes âgées, politique en faveur des
handicapés, RSA, protection maternelle et infantile. Laquelle
faudrait-il amputer pour remplacer l’Etat dans ses obligations ?
J’alerte
donc, parce que c’est l’autorité compétente, Monsieur le Préfet
sur la nécessité de répondre favorablement et concrètement à
votre demande légitime…
Je
vous prie de croire, Monsieur, en ma cordiale considération
L'association Un Toit c'est un Droit ! réplique :
Le
président du Conseil Général, Jean Louis Tourenne explique son refus de toute
aide par deux arguments aussi fallacieux l'un que l'autre.
Premier
argument : le budget CG 35 serait quasiment asséché par le coût de la
prise en charge des Mineurs Isolés Etrangers. En y regardant de plus
près : s'il est vrai que le nombre de MIE qui arrivent en Ille et Vilaine
est important par rapport à d'autres départements, l'accueil digne dont se
prévaut JL Tourenne et l'accompagnement qui serait « au mieux » ne
sont que poudre aux yeux. Les préoccupations budgétaires priment sur la
« dignité » de l'accueil et la qualité de l'accompagnement. Pour être clair : les mineurs, qui le
plus souvent présentent des documents d'état civil attestant de leur minorité,
sont « stockés » en attendant le « tri sélectif », où tout
sera fait pour contester leur minorité. Les « tests osseux »,
pratique humiliante dont la fiabilité scientifique n'est reconnue par aucune
autorité médicale, sont largement utilisés et cautionnés sinon commandés par le
CG 35, qui va maintenant jusqu'à contester devant la cour d'Appel la décision
de prise en charge du Juge des Tutelles.
Cette
politique de suspicion systématique a pour objet non l'établissement d'une
vérité, mais la réduction des coûts. Elle en conduit à cette situation
grotesque et douloureuse, où un jeune considéré comme majeur à la suite des
fameux « tests » est sorti brutalement du dispositif MIE. Il reste cependant mineur pour la préfecture
au vu de ses documents d'Etat civil et se retrouve à la rue sans ressource.
Un peu
de sérieux et moins d'hypocrisie Monsieur Tourenne ! Et demandez donc à
vos amis du gouvernement une rallonge budgétaire si les moyens financiers du CG
35 sont insuffisants ce qui vous permettrait de recouvrer cette dignité que
vous aimez tant revendiquer mais qui, pour l'heure, vous a quitté.
Deuxième
argument : accorder la gratuité des transports pour les migrants déplacés
incomberait, à l'Etat par l'entremise des services préfectoraux. Certes, l'Etat
est en charge de l'accueil des demandeurs d'asile et l'acteur principal des
difficultés créées aux « déplacés de Pacé » Il n'en reste pas moins
que l'essentiel des difficultés relatives aux transports concerne scolarisation
et soins médicaux pour des enfants dont le CG doit assurer la protection quelle
que soit leur nationalité comme le stipule le Code de l'Action Sociale et de la
Famille..
Assez de
prendre prétexte des champs de compétences pour se renvoyer les responsabilités
en oubliant l'humain !
Excellente analyse...
RépondreSupprimerCG35 et CG93 même combat...
Qui orchestre?
L'ASE (CG) n'a pas à demander des âges osseux et douter de la minorité d'un MIE...elle a pour mission de protéger les mineurs!
Que les médecins restent approximatifs en évaluant l'âge osseux entre 15 et 18 ans...aucune légitimité scientifique digne de l'Evidence Base Médecine.
Amicalement