Les propos de Catherine Debroise dans l'article de
Ouest-France du jeudi 21 Mars consacré à l'évacuation de l'école de l'Ille
relèvent avant tout de la désinformation. La manipulation est outrancière mais
hélas habituelle et symptomatique du désaveu persistant entre militants et
politiques. Il s'agit là uniquement d'une occultation de la réalité pour qui
veut justifier l'injustifiable. Une série de mensonges éhontés, indignes et
inacceptables pour tous ceux qui subissent de plein fouet la politique de
répression municipale et préfectorale.
1)
La Ville de Rennes aurait décidé de rencontrer
régulièrement les associations de soutien aux migrants mais lors de la deuxième
initiative seules deux d'entre elles sont venues, déplore l'élue.
Cependant certaines organisations telles que le Collectif de Soutien aux
Personnes Sans-Papiers, Un Toit c'est un
Droit, et la liste n'est pas exhaustive, ne figurent pas sur le listing des
invitations. Pourtant elles agissent quotidiennement aux côtés des personnes
concernées et pour le respect de leurs droits. D’autres organisations, bien
qu’elles aient été invitées et présentes, ont été physiquement empêchées d'y
participer par le service d'ordre municipal mis en place pour ces réunions
prétendument fraternelles. Cela dit, rappelons aussi que des associations
refusent objectivement de contribuer à l’idolâtrie de l’action municipale.
2)
L’hébergement des migrants demandeurs d’asile
est de ressort de l’Etat réitère l’élue. Le dispositif Coorus mis en place il y a 2 ans par le Ville de
Rennes et Rennes-Métropole a permis de créer 95 places supplémentaires.
Incontestable et vrai, quoique le deuxième argument commence à dater. Se prévaloir d’une amélioration de l’offre de
l’hébergement locale, concédée en partie
sous la pression et la contrainte du mouvement associatif, n’illustre en aucun
cas une quelconque grandeur d’âme. Pas plus que de se voiler la face en
rappelant opportunément les compétences administratives de chacun pour
justifier le droit de ne rien faire, de
ne rien dire, quand on ajoute de la misère à la misère en expulsant des
familles à la rue le jour même.
3)
Le Ville de Rennes prend ses responsabilités
pour la scolarisation des enfants et l’accès à l’aide alimentaire. Madame
Debroise ignore donc encore que la scolarisation des enfants est obligatoire et
ne connaît donc toujours pas les modalités de l’accès aux aides alimentaires,
le public considéré, les délais d’attente. Elles ne sont en rien instantanées,
systématiques, ou permanentes. Par ailleurs pour plus de précision, la Ville de
Rennes subventionne les associations qui assurent l’accès à l’aide alimentaire.
Elle n’en facilite pas l’accès.
4)
Catherine Debroise, élue de terrain, dit avoir
participé il y a un mois à une maraude et ne pas avoir vu d’enfants à la rue,
mais ne pas pouvoir affirmer que cela n’existe pas et d’ajouter que pour toute
situation d’urgence dont ils ont connaissance faire en sorte de trouver une
solution.
Pour les statistiques le jour
devait être béni. Températures
hivernales négatives, plan d’hébergement
grand froid temporairement déployé, voir des personnes à la rue venir la saluer sur son éphémère parcours de militante du respect des droits
demeurait fortement improbable. Une visite des squats et autres logements de
fortune lui aurait permis de rencontrer le public vers lequel elle prétendait
vouloir aller mais, mille fois hélas, ses communicants ou sa conscience
politique ont toujours réfuté que cela puisse exister. Affirmer n’être pas certaine que des enfants
dorment dans la rue le jour où on prend
la responsabilité d’en expulser
plusieurs est proprement provocateur. Cette dramatique situation existe
depuis plusieurs années, différents éléments
en attestent. Les jugements du Tribunal condamnant la préfecture, les
déclarations de la Croix Rouge rennaise, les statistiques du 115, l’existence
des squats, etc. Ceux-ci ne peuvent être niés que par une élue aux intentions
malveillantes. Cerise sur le
gâteau, pour toute situation signalée la
municipalité ferait en sorte qu’une
solution soit trouvée. C’est volontairement oublier le rassemblement
hebdomadaire de sans-abri place de la Mairie le mercredi matin et qu’à
plusieurs reprises des familles et des associations sont intervenues lors de
séances du conseil municipal. La suite donnée à ces interventions par la noble
assemblée se résume en trois actes. Suspension de séance, expulsion du public
et interdiction d’y revenir.
5)
Catherine Debroise en appelle désormais à l’Etat et ouvre des
pistes de réflexion. L’ouverture d’une deuxième borne d’enregistrement en
Bretagne constituerait une réponse au manque d’hébergement. L’allongement des
titres de séjour de trois à six mois
permettrait aux familles de
s’organiser pour trouver une solution d’hébergement dans d’autres départements.
Bref rien de nouveau. Madame Debroise cherche principalement à éloigner de sa
vue le problème des sans-abri sur son territoire.
L’éparpillement d’une population
fragilisée, sans accompagnement social, sans possibilité de transports, sans
accès aux centres d’aides alimentaires, sociales, médicales, administratives et
juridiques des associations ou des collectivités résume son triste programme et
toute sa compassion envers les plus
démunis.
Il ne s’agit pas d’affirmer que La Ville de Rennes reste
toujours inactive mais de faire cesser l’imposture d’une communication sans
fondement. Que la Ville de Rennes expulse les lieux occupés ou réquisitionnés
peut se concevoir juridiquement.
Cependant la manière d’exécuter la décision doit reposer sur le principe
du respect des droits élémentaires de chacun. Ce qui n’est pas le cas.
Jamais un élu de la Ville de Rennes n’est intervenu au
conseil municipal pour demander officiellement au Maire de solliciter auprès du
préfet un ordre de réquisition conformément à une loi existante.
Existe-t-il encore un élu rennais avec des convictions
humanitaires intangibles ? Dans
l’immédiat nous ne pouvons qu’en douter.
Yannic Cottin
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