samedi 23 mars 2013

Les mensonges d’une municipalité

Les propos de Catherine Debroise dans l'article de Ouest-France du jeudi 21 Mars consacré à l'évacuation de l'école de l'Ille relèvent avant tout de la désinformation. La manipulation est outrancière mais hélas habituelle et symptomatique du désaveu persistant entre militants et politiques. Il s'agit là uniquement d'une occultation de la réalité pour qui veut justifier l'injustifiable. Une série de mensonges éhontés, indignes et inacceptables pour tous ceux qui subissent de plein fouet la politique de répression municipale et préfectorale.

1)     La Ville de Rennes aurait décidé de rencontrer régulièrement les associations de soutien aux migrants mais lors de la deuxième initiative seules deux d'entre elles sont venues, déplore l'élue. Cependant certaines organisations telles que le Collectif de Soutien aux Personnes Sans-Papiers,  Un Toit c'est un Droit, et la liste n'est pas exhaustive, ne figurent pas sur le listing des invitations. Pourtant elles agissent quotidiennement aux côtés des personnes concernées et pour le respect de leurs droits. D’autres organisations, bien qu’elles aient été  invitées et présentes, ont été physiquement empêchées d'y participer par le service d'ordre municipal mis en place pour ces réunions prétendument fraternelles. Cela dit, rappelons aussi que des associations refusent objectivement de contribuer à l’idolâtrie de l’action municipale.

2)     L’hébergement des migrants demandeurs d’asile est de ressort de l’Etat réitère l’élue. Le dispositif Coorus  mis en place il y a 2 ans par le Ville de Rennes et Rennes-Métropole a permis de créer 95 places supplémentaires. Incontestable et vrai, quoique le deuxième argument commence à dater.  Se prévaloir d’une amélioration de l’offre de l’hébergement  locale, concédée en partie sous la pression et la contrainte du mouvement associatif, n’illustre en aucun cas une quelconque grandeur d’âme. Pas plus que de se voiler la face en rappelant opportunément les compétences administratives de chacun pour justifier le droit de ne rien faire,  de ne rien dire, quand on ajoute de la misère à la misère en expulsant des familles à la rue le jour même.

3)     Le Ville de Rennes prend ses responsabilités pour la scolarisation des enfants et l’accès à l’aide alimentaire. Madame Debroise ignore donc encore que la scolarisation des enfants est obligatoire et ne connaît donc toujours pas les modalités de l’accès aux aides alimentaires, le public considéré, les délais d’attente. Elles ne sont en rien instantanées, systématiques, ou permanentes. Par ailleurs pour plus de précision, la Ville de Rennes subventionne les associations qui assurent l’accès à l’aide alimentaire. Elle n’en facilite pas l’accès.

4)     Catherine Debroise, élue de terrain, dit avoir participé il y a un mois à une maraude et ne pas avoir vu d’enfants à la rue, mais ne pas pouvoir affirmer que cela n’existe pas et d’ajouter que pour toute situation d’urgence dont ils ont connaissance faire en sorte de trouver une solution.
Pour les statistiques le jour devait être béni.  Températures hivernales négatives,  plan d’hébergement grand froid temporairement déployé, voir des personnes à la rue venir la  saluer sur son éphémère  parcours de militante du respect des droits demeurait fortement improbable. Une visite des squats et autres logements de fortune lui aurait permis de rencontrer le public vers lequel elle prétendait vouloir aller mais, mille fois hélas, ses communicants ou sa conscience politique ont toujours réfuté que cela puisse exister.  Affirmer  n’être pas certaine que des enfants dorment  dans la rue le jour où on prend la responsabilité d’en expulser  plusieurs est proprement provocateur. Cette dramatique situation existe depuis plusieurs années, différents éléments  en attestent. Les jugements du Tribunal condamnant la préfecture, les déclarations de la Croix Rouge rennaise, les statistiques du 115, l’existence des squats, etc. Ceux-ci ne peuvent être niés que par une élue aux intentions malveillantes.  Cerise sur le gâteau,  pour toute situation signalée la municipalité ferait  en sorte qu’une solution soit trouvée. C’est volontairement oublier le rassemblement hebdomadaire de sans-abri place de la Mairie le mercredi matin et qu’à plusieurs reprises des familles et des associations sont intervenues lors de séances du conseil municipal. La suite donnée à ces interventions par la noble assemblée se résume en trois actes. Suspension de séance, expulsion du public et interdiction d’y revenir. 

5)     Catherine Debroise  en appelle désormais à l’Etat et ouvre des pistes de réflexion. L’ouverture d’une deuxième borne d’enregistrement en Bretagne constituerait une réponse au manque d’hébergement. L’allongement des titres de séjour de trois à six mois  permettrait  aux familles de s’organiser pour trouver une solution d’hébergement dans d’autres départements. Bref rien de nouveau. Madame Debroise cherche principalement à éloigner de sa vue le problème des sans-abri sur son territoire.
L’éparpillement d’une population fragilisée, sans accompagnement social, sans possibilité de transports, sans accès aux centres d’aides alimentaires, sociales, médicales, administratives et juridiques des associations ou des collectivités résume son triste programme et toute sa compassion envers les  plus démunis.

Il ne s’agit pas d’affirmer que La Ville de Rennes reste toujours inactive mais de faire cesser l’imposture d’une communication sans fondement. Que la Ville de Rennes expulse les lieux occupés ou réquisitionnés peut se concevoir juridiquement.  Cependant la manière d’exécuter la décision doit reposer sur le principe du respect des droits élémentaires de chacun. Ce qui n’est pas le cas.
Jamais un élu de la Ville de Rennes n’est intervenu au conseil municipal pour demander officiellement au Maire de solliciter auprès du préfet un ordre de réquisition conformément à une loi existante.
Existe-t-il encore un élu rennais avec des convictions humanitaires intangibles ?  Dans l’immédiat  nous ne pouvons qu’en douter. 

Yannic Cottin




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