mercredi 6 novembre 2013

Expulsion de Pacé : bientôt un an

De juin à novembre 2012, 250 migrants de toutes nationalités et de situations administratives diverses avaient trouvé refuge dans une maison de retraite désaffectée de Pacé. Le 27 novembre 2012, le "plus grand squat de France" a été évacué par un important dispositif de gendarmes et une grosse opération de communication de la préfecture.

Que sont devenus les résidents de Pacé ?  Difficile de faire un point de situation exhaustif, on n'a pas pu garder le contact avec tous…

Au soir de l'expulsion, tous les résidents étaient relogés, sauf les quelques malchanceux qui n'étaient pas présents au moment de l'évacuation. Pour beaucoup, relogés dans des gîtes isolés, sans moyens de transport, avec des difficultés de ravitaillement, de scolarisation des enfants, de déplacement pour se rendre à leurs rendez-vous. D'autres à l'hôtel, essentiellement les personnes seules, pour quelques nuits, avant de se retrouver dehors plus ou moins rapidement.
Au cours des premières semaines, les militants des différentes associations se sont démenés pour rencontrer les isolés, leur ramener leurs bagages, suppléer les travailleurs sociaux débordés et essayer de limiter le sentiment d'abandon que beaucoup ressentaient. Pendant ces premières semaines, les familles demandeuses d'asile sont toutes parties les unes après les autres en CADA dans toute la France.
Après de nombreux déplacements, les plus éloignés ont été rapprochés de Rennes. Et ont commencé à  recevoir à partir du printemps un courrier les informant que leur situation administrative ne leur permettait plus de bénéficier d'un hébergement. Parmi ces familles, au moins trois sont aujourd'hui à Saint-Marc. Quatre familles sont toujours hébergées dans deux maisons mises à disposition par la mairie de Pacé. Une famille a été remarquablement soutenue par une association qui s'est créée  à Québriac lors de l'arrivée d'expulsés de Pacé dans des gîtes de leur commune, et relogée dans la commune grâce à l'intervention de cette association quand son hébergement en gîte s'est achevé. Une famille vit toujours à Saint-Pern. Une famille a quitté volontairement la France; un père de famille arménien a été réadmis en Pologne, sa femme enceinte restant seule avec ses deux enfants; un homme seul ayant vécu à Pacé a été expulsé en Mongolie cet été, sans que ce soit à mettre au compte de l'opération d'évacuation de Pacé.   Au moins 5 familles et 3 personnes seules ayant séjourné au squat de Pacé ont obtenu le statut de réfugiés.

Au bout de quelques semaines, les militants d'Un Toit C'est Un Droit ont commencé à être sollicités par de nouvelles personnes à la rue en plein hiver, et n'ont eu d'autre choix que d'improviser chaque soir des hébergements solidaires chez des particuliers. Situation épuisante pour les militants, les familles accueillantes et les migrants, sans cesse déplacés et dans l'angoisse continuelle. Le nombre de personnes sans hébergement ne cessant d'augmenter, la situation devenait intenable, ce qui a conduit à partir du mois d'avril à une série d'occupations de gymnases d'école, de centres sociaux puis à l'ouverture du squat de Saint-Marc.

Notons que la solution des gîtes éloignés de Rennes inaugurée à l'occasion de l'évacuation de Pacé est devenue aujourd'hui pratique courante, plusieurs familles étant régulièrement déplacées de gîte en gîte ( la Chapelle Chaussée, Baguer-Morvan, Sens de Bretagne, Québriac…) avec toujours les mêmes difficultés de transport et de scolarisation des enfants.

Où en est-on aujourd'hui ?

Après 3 expulsions de squats en octobre, 150 personnes vivent à Saint-Marc et voient l'hiver approcher avec angoisse, ….. dans un squat ouvert à Thorigné depuis 2 ans, 50 personnes dont 16 enfants dans deux autres squats plus récents à Saint-Grégoire et Chantepie, d'autres encore dans des squats du DAL. Et chaque soir, des familles et des personnes seules se retrouvent à la rue, le 115 ne disposant pas d'assez de places pour accueillir tous les demandeurs. A titre d'exemple, le 115 annonce avoir hébergé le mercredi 25 septembre 2013 227 personnes, dont 40 à l'hôtel, et refusé 89 personnes. Autre exemple : le lundi 21 octobre, 3 familles, dont deux femmes enceintes et 6 enfants, ont dormi sur des chaises dans le hall de l'hôpital sud et appris que désormais ce lieu leur serait interdit. Rejointes par deux autres familles à la rue qui comptent deux enfants gravement malades, ces familles ont dû occuper les locaux de la DDCSPP  ( Direction Départementale) de la Cohésion Sociale et de la Protection des Personnes pour obtenir quelques nuits d'hébergement. Plusieurs sont aujourd'hui à nouveau à la rue.

A la veille de l'hiver, une nouvelle organisation de l'hébergement d'urgence est annoncée, dont nous ne voyons pas encore très bien les contours, mais qui semble avoir pour but de faire le tri entre les demandeurs, et d'en exclure certains, comme c'est déjà le cas dans d'autres départements. Inévitablement, on verra des familles, des enfants, dormir dans la rue à Rennes cet hiver. IL FAUT SE MOBILISER pour obtenir  des places supplémentaires d'hébergement d'urgence, et exiger que celui-ci reste un droit inconditionnel pour tous…

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