Comme nous l'avions
préalablement annoncé avant les vacances, une cinquantaine de
migrants ont été contraints de passer l'été dans un campement
précaire installé à Cleunay le 11 juillet.
Nous espérions ainsi
offrir un refuge aux familles à la rue, tout en interpellant les
pouvoirs publics sur leurs obligations légales. Cependant toutes nos
propositions ont été rejetées, alors même que le campement avait
subi des menaces racistes dans la nuit du 2 août.
La mairie de Rennes a refusé de signer une convention nous
permettant, à minima, d'héberger et de protéger les migrants sur
le camping municipal, pourtant à moitié vide.
La seule réponse
municipale face à cette situation d'urgence a été une procédure
au TA pour en demander
l'expulsion. Parmi les raisons invoquées : trouble à l'ordre public
justifié par les menaces racistes dont les migrants furent victimes
!
Toutefois, suite à nos pressions conjointes avec les élus de la liste "Changez la ville" (Front de Gauche et Verts), la municipalité rennaise a accepté d'héberger à l'hôtel 6 familles avec enfants, la condition expresse étant qu'elles n'aient pas d'OQTF (obligation à quitter le territoire), excluant ainsi les plus vulnérables. Ces familles ont ensuite dû se présenter quotidiennement à la mairie pour obtenir une seule nuit d'hôtel. Depuis le 28 août, les nuitées d'hébergements sont dorénavant attribuées à la semaine.
Le TA ayant rendu sa décision, le
campement devait être évacué au matin du 1er septembre. Le
week-end dernier a donc été largement consacré au démontage,
grâce à l'aide des sympathisants et aux voisins solidaires qui ont
assuré sur place leur soutien matériel et moral.
Afin d'éviter les risques d'arrestation lors de l'évacuation, 19 personnes (parmi lesquelles des enfants) ont été mises à l'abri dimanche soir, grâce à une large mobilisation citoyenne d'hébergement solidaire.
Afin d'éviter les risques d'arrestation lors de l'évacuation, 19 personnes (parmi lesquelles des enfants) ont été mises à l'abri dimanche soir, grâce à une large mobilisation citoyenne d'hébergement solidaire.
Seuls
7 migrants en « situation régulière » ont passé la
dernière nuit sur le campement. La Ville de Rennes a finalement
renoncé à faire intervenir les forces de l'ordre et nous avons
décidé de plier les dernières tentes, après avoir obtenu la
garantie que les 7 personnes seraient relogées.
A 18 h un rassemblement était
organisé devant la mairie pour rappeler que toute
personne en situation de détresse, quelle que soit sa situation
administrative ou familiale, doit être mise à l'abri. Toutes
les familles ont finalement obtenu un hébergement de 3 nuits, les
célibataires étant une nouvelle fois exclus de toutes propositions
de relogement.
Comme l'État, la Ville de Rennes privilégie
l'hébergement hôtelier. Nous
dénonçons ce choix politique dispendieux. Nous continuons à
réclamer la mise en place de conventions d'occupation sur des
bâtiments publics vacants, comme nous l'avons fait dernièrement
avec le secours-catholique, afin d'assurer un relogement pérenne et
un « lieu de vie » adapté aux migrants : possibilité de
se poser en journée, de cuisiner, de recréer un « chez soi ».
Aujourd'hui
le front national doit être satisfait, lui qui ,dans un tract infâme
distribué à Cleunay, soutenait la demande d'expulsion du campement
impulsée par la mairie. Mais il y a aussi d'autres citoyens chez qui
la colère gronde et qui sont bien décidés à continuer de faire
vivre l'humanisme et la solidarité qui les animent.
Faire vivre la
solidarité, ce n'est pas demander aux citoyens d'assumer
intégralement la charge des carences publiques en les incitant à
l'hébergement solidaire, mais exiger des pouvoirs publics qu'ils
respectent la loi et utilisent avec discernement l'argent du contribuable.
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