Le
logement sur le plan national
Dans
un contexte général de dégradation de la situation sociale et
économique, la part du logement dans le budget des familles est
devenue de plus en plus importante : pour
un ménage sur 2, cela représente plus de 18, 5 % des dépenses
et, pour 1 locataire sur 5 dans le privé … plus de 40 % !
- Les promesses de constructions de logements sociaux (150 000 par an) et de cités universitaires (40 000 sur 5 ans) n'ont pas été tenues. Malgré une augmentation annoncée de 5 000 places en 2013, le nombre de places en CADA reste encore très insuffisant : 31, 5 % des demandeurs d'asile n'y ont pas accès.
- La très « maigre » loi sur la régulation des loyers (Alur, janvier 2014) avant même d'avoir été mise en place a été remise en cause (cf : amendements de juillet 2014 sur la possibilité de « simplification » par ordonnances). Toutefois ses circulaires d'application concernant la non-expulsion pendant la trêve hivernale semblent s'appliquer maintenant aux squats.
- Depuis 15 ans, aucune utilisation de la loi sur la réquisition des bâtiments vides d'octobre 45
Les
conséquences directes en sont un renforcement de la paupérisation,
une augmentation du nombre de logements indignes et insalubres et de
plus en plus de gens à la rue. Avec la politique d'austérité
choisie par le gouvernement, cette dégradation ne pourra que
s'accentuer à l'avenir d'autant que, avec les transferts de charges
sur les collectivités locales et les baisses de subventions, celles
qui menaient encore jusqu'ici une politique sociale locale acceptable
auront de plus en plus de mal à continuer (ex : la ville de
Rennes va être contrainte de faire 500 000 euros « d'économies »
cette année).
Le
logement en Bretagne
(d'après une enquête de la Fondation Abbé Pierre)
- 1 Breton sur 10 vit au-dessous du seuil de pauvreté (- de 924 euros par mois)
- Le surendettement a progressé de 30 % en 5 ans
- 75 000 logements sont jugés indignes et 27 000 insalubres (d'après les critères de la loi du 24/03/2014)
C'est
symptomatique du manque criant de logements sociaux dans une région
qui accueille 26 000 habitants supplémentaires par an. S'il n'y a
pas (encore !) d'explosion des expulsions c'est parce que les gens
rognent sur tout : électricité, chauffage, santé, loisirs. Si
c'est moins dramatique que dans certaines autres régions, c'est très
loin d'être brillant !
La
population à la rue sur le plan national (d'après
le baromètre de la FNARS ; NB : sont comptabilisés les
appels décrochés uniquement)
- + 10 % de demandes d'hébergement d'urgence en un an dans 37 départements, et ce malgré une augmentation de 15 % des places au 115
- Ceux qui ont appelé pour la première fois sont majoritairement des hommes seuls, français et de moins de 25 ans. Au fil des années, le public est de plus en plus jeune.
C'est
bien la preuve que la crise s'étend et touche la jeunesse de plein
fouet (générations sacrifiées par le chômage). Il y a fort à
parier que le traitement réservé aux publics à la rue, jugés
aujourd'hui marginaux, touchera demain d'autres couches de la
population. Ces publics méritent donc une attention particulière :
ils sont, toutes catégories confondues, des sortes
« d'échantillons-tests » du traitement réservé à
l'ensemble de la population demain … si celle-ci l'accepte
aujourd'hui !
Qui
sont les gens à la rue qui appellent le 115 ?
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Comment
sont traités les appels à l'aide ?
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Faute
d'une politique sociale à la hauteur, l'État engraisse de plus en
plus de marchands de sommeil. Contrairement à ce qui est dit par
l'extrême droite, la population française n'est donc pas moins bien
traitée que la population étrangère. Les places au 115 sont très
insuffisantes et pas adaptées aux familles. Celles-ci sont donc
tentées d'appeler à longueur de journée (quand
les jeunes hommes célibataires abandonnent eux plus « facilement »)
: les appels des familles sont donc en nette augmentation (+ 22%) par
rapport à l'ensemble des appels or les familles sont majoritairement
étrangères. L'augmentation de leurs appels ne signifie pas que les
étrangers seraient plus nombreux et « prendraient la place des
Français » dans les foyers : soyons vigilants sur
l'interprétation qui peut être faite de certaines données.
La
population à la rue en Bretagne
- L'Ille-et-Vilaine est dans le peloton de tête pour les refus d'hébergement d'urgence liés au manque de places.
- Idem pour le nombre de personnes toujours pas hébergées malgré plusieurs demandes
- Si la proportion globale du nombre de refus par rapport au nombre d'appels baisse dans le 35 c'est parce que seuls les appels décrochés comptent : pas assez de travailleurs sociaux, moins d'appels décrochés … bons % pour le Ministère ! (Là encore, attention aux interprétations ...)
Sur
l'Ille-et-Vilaine : (d'après bilan SIAO)
- Malgré une augmentation du nombre de demandes (+ 8,5 % en 1 an, + 22,08 % en 2 ans), le nombre d'appels traités a baissé (- 5,35 % en 1 an).
- Des chiffres qui sont particulièrement parlant : 3 703 personnes différentes, soit 2 650 ménages différents ont fait une demande en 2013, dont 650 enfants, 105 ayant moins de deux ans.....
- Répartition des demandes et de l'hébergement réalisé :
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Demandes
faites
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Hébergement
réalisé
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Public
hors UE
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54,5 %
des demandes
(contre
48,79 % en 2012)
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53,42 %
du public hébergé
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Public
français
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33,68 %
des demandes
(contre
36,88 en 2012)
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Hommes
seuls
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41,43 %
des demandes
(contre
48,20 % en 2011)
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Hommes
et femmes seuls : 50 %
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Familles
avec enfants
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40,93 %
des demandes
(contre
32,99 % en 2011)
(entre
2011 et 2013 :+ 24 % de couples avec enfants, + 32 %
de femmes seules avec enfants)
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44,8 %
du public hébergé
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Enfants
de moins de 17 ans
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21;34 %
des demandes
(contre
15,59 en 2011)
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- 73,63 % des demandeurs français sont seuls
- 61,11 % des femmes seules avec enfants sont hors UE
- 45,15 % de réponses négatives (dont 67,69 % pour manque de places)
- Total des places toute l'année 2013-2014: 223 (ou 201?) + 4 pendant trêve hivernale + 84 si grands froids
- Taux d'occupation des structures : 96 % (sachant que certaines ont des taux très bas : 3,8 % HAP Cancale, 16,4 % Emmaüs Hédé, etc)
- Estimation : + ou – 400 personnes à la rue à Rennes
- Indignité de l'abri de nuit : Nous savons seulement que pour répondre à ces 54,85 % de demandes négatives, un abri de nuit sera ouvert de 23 h à 6 h 30, dans un lieu difficilement accessible, offrant 30 places de repos ... sur des transats...
Pourquoi
ne les voit-on pas toutes dans la rue ?
- Hébergement par des compatriotes (surpopulation dans les logements)
- Squats (+ ou – 200 personnes)
- Hébergement solidaire
- Suite aux pressions des associations et avec l'appui des élus Changez la Ville, hébergement en hôtel par la mairie, depuis le mois d'août, pour les familles sans OQTF : rien pour les familles avec OQTF, rien pour les célibataires, hébergement mouvant d'où des difficultés de scolarisation, à la rue dans la journée, impossibilité de cuisiner, problèmes de santé, coût élevé pour la mairie (alors qu'objectivement, c'est de la responsabilité de l'État).
- Pour rappel, le dispositif rennais COORUS est toujours bloqué à 95 places (alors que des besoins existent et que d'autres communes seraient candidates) : la préfecture n'a toujours pas versé la participation promise par l'État et reste hostile au dispositif.
En
conclusion
La
FNARS parle elle-même de « situation humanitaire dramatique ».
Elle demande :
- un moratoire immédiat de la fermeture prévue de certains centres au niveau national
- la mobilisation du parc privé et public
- une loi de programmation pour les logements très sociaux
Les
associations demandent :
- l'hébergement inconditionnel et dans la continuité pour tous
- l'augmentation du nombre de places en CADA et 115
- un lieu d'accueil de jour
- l'application de la loi de réquisition
- au minimum dans l'immédiat, la mise en place avec les autorités locales d'un système de conventionnement pour mettre temporairement les gens à l'abri dans des logements inoccupés (et éventuellement voués à une démolition ultérieure)
Cette
année à l'entrée de l'hiver, contrairement aux autres années, le
plan hivernal n'a pas été publié.
Un
toit c'est un droit, ne nous habituons pas à l'inacceptable !
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