Ce 25 avril, les résidents
s'étaient mis sur leur trente-et-un pour recevoir une délégation de la ville de
Rennes constituée du CCAS au grand complet et d'élus (M Bourcier, Mmes Briand,
Faucheux, Hakni-Robin et Marchandise). Les tables étaient nappées de blanc, des
petits bouquets de fleurs avaient été cueillis dans les jardins, le café était
prêt. Un drapeau français avait même été accroché au-dessus du tableau des
activités, comme une affirmation de leur volonté de s'intégrer dans ce pays qui
pourtant, jusqu'à présent, ne leur avait guère fait de cadeaux… Étaient
également présents plusieurs représentants des associations du collectif de
soutien aux Jardins de la Poterie : CCFD Terre solidaire, Fondation Abbé
Pierre, Si on s'alliait, représentant de l'intersyndicale CGT-CNT-SUD
solidaires des travailleurs sociaux, ...
Après un exposé du fonctionnement
du lieu par l'association Un toit c'est un droit et un point financier (pour le
premier semestre, l'apport de la Fondation Abbé Pierre et des résidents
eux-mêmes, via notamment l'organisation des concerts, a permis de couvrir tous
les frais), une résidente prenait la parole pour remercier la mairie et lui
rappeler que tous comptaient sur son aide pour l'après 17 juillet, date fixée
pour l'évacuation du lieu.
Un point était fait également sur
la situation administrative des résidents et l'attitude de la préfecture
imposant sans arrêt de nouvelles exigences pour la régularisation des personnes,
comme la nécessité d'avoir une promesse d'embauche, ce qui ne figure nulle part
dans les circulaires ministérielles. Une habitante prenait alors la parole pour
expliquer les choses : « Beaucoup d'entre nous sommes ici depuis
plusieurs années, parfois même 6 ou 7 ans, nous avons des enfants nés en France
qui sont tous scolarisés. Certains d'entre nous ont même eu des autorisations
de travail qui ont ensuite été supprimées pour des motifs arbitraires : à
la préfecture de Rennes, il y a toujours un papier qui manque ou un papier,
hier considéré comme valable, qui brusquement ne convient plus. Nous ne
devrions pas être ici : nous devrions être au travail et rentrer le soir
chez nous, comme tout le monde ».
L'association Un toit c'est un
droit rappelait que l'État avait obligation d'héberger les personnes mais que
le 115 était totalement saturé : « Avec ses 141 places sur Rennes,
une demande sur deux est aujourd'hui rejetée et ce n'est pas avec les 36 places
supplémentaires qui vont être créées qu'il pourra faire face, le 17 juillet
prochain, à la mise à la rue des 170 résidents des Jardins de la Poterie, dont
78 enfants. Hors, aujourd'hui, la préfecture refuse de recevoir les
associations pour discuter de l'après 17 juillet ! ».
M Bourcier, adjoint à la
solidarité, rappelait que la Maire de Rennes resterait fidèle à son engagement
de campagne : « Pas d'enfants à la rue ». Il annonçait
ensuite la volonté de la mairie de mettre en place des réunions de travail tous
les 15 jours afin de trouver des solutions pour la sortie de la Poterie,
expliquant que beaucoup de communes avaient réservé des logements pour des
réfugiés syriens qui n'étaient jamais arrivés et qu'il existait aussi dans le
parc privé des bâtiments vacants, en attente de projets immobiliers. « Nous
ne partons pas de rien : aujourd'hui nous avons l'expérience des
commodats, sur le plan légal, et l'expérience de la gestion de ce lieu par
l'association ». Une militante faisait alors remarquer que ça faisait
5 ans que l'on parlait de conventions avec les promoteurs immobiliers mais que
rien n'avait été fait et qu'il avait fallu l'ouverture du squat de la Poterie
pour qu'enfin les choses bougent : « Cette fois nous n'avons pas
droit à l'erreur : le 17 juillet c'est demain, on a déjà pris beaucoup de
retard ».
La délégation de la ville de
Rennes partait ensuite visiter les locaux, invitée par les résidents à entrer
dans les chambres.
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